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 [Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku]

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Laemia
Vincent-Jean-Hubert
Laemia

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MessageSujet: [Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku]   [Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku] EmptyJeu 19 Juil - 15:32

Titre : Cohabitation
Monde : UA
Genre : Romance/Humour
Pairing : Vanitas/Néo
Statut : En cours
Disclaimer : Rien ne m'appartient et c'est bien triste...
Rating : M, au cas où ^^
Résumé : Néo rentre en premier année de fac et se voit forcé par ses amis à trouver l'âme soeur. Pas facile, pour un geek! Puis, à côté de tout ça, il y a Vanitas, son colocataire...
Remarque : Voilà ma participation pour le défi sur Néo-Riku! Normalement, cette histoire devrait comporter 3 parties que je posterais chaque jour à partir d'aujourd'hui. ^^ J'espère que les persos ne sont pas OOC, surtout Néo. J'ai fait de mon mieux pour coller à son caractère, mais en UA... C'est pas facile. xD

---------
J’ai le pire frère du monde. Remarquez, il pourrait dire la même chose de moi, mais ce jour-là il battait des records. D’ordinaire, il se contentait de me faire des remarques désobligeantes sur un peu tout tandis que je le lui rendais bien en l’insultant de tous les noms.

Ce n’est jamais agréable de se réveiller en sentant des gouttes glacées vous percuter le visage. En grimaçant, j’ouvris les yeux pour tomber nez à nez avec Riku, alors que ce dernier arborait un petit sourire narquois, une bouteille d’eau vide à la main. Enfoiré.

Il se redressa un peu tandis que je le fixais toujours avec insistance. Ah, si les regards pouvaient tuer… Eh bien, mon frère aîné serait toujours vivant, puisque je devais très certainement avoir le regard ensommeillé et les paupières quasiment collées l’une à l’autre. Raaah…

« Tu as précisément 29 minutes et 70 secondes pour te préparer avant qu’Hayner ne vienne te chercher, m’annonça-t-il en regardant sa montre. Si j’étais toi, je me dépêcherais. »

Je me redressai péniblement. Une demi-heure, à peine ? Ce n’était pas possible…

« J’ai branché le réveil hier… marmonnai-je d’une voix pâteuse.

-18 secondes… Ah, oui, j’ai coupé les fils pour qu’il ne sonne pas. »

Ah, c’était donc ç… Les fils ?! Je jetai à un coup d’œil à mon superbe réveil Star Wars collector – il muse le thème de la Marche Impériale le matin, pour une émergence du pays des rêves optimale – et… Non, il n’avait pas fait ça ?

« J’vais te réduire en charpie, Riku, menaçai-je, tout à coup très réveillé.

-13 secondes…

-Tu pouvais pas juste le débrancher ?!

-Non… 8… »

Le pire ? Il avait raison, j’allais être en retard si je ne me dépêchais pas. Et connaissant Hayner, mon meilleur ami depuis le collège, il serait bien capable de partir sans moi… Parfois, j’ai l’impression que le monde entier m’en veut, tiens. Mon frère, mon meilleur et seul pote… tous des connards.

Je filai donc à la salle de bain pour me doucher en quatrième vitesse – ce qui ne m’arrivait pas souvent, en fait… d’habitude, les douches je les prends au soir, et encore… quand je n’oublie pas – puis revins dans ma chambre, espérant m’habiller tranquillement, mais…

« Il te reste 13 minutes et 27 secondes, m’annonçait l’intrus, montre en main.

-Excuse-moi, tu vas me laisser mettre mes fringues en paix ? grognai-je en dévisageant Riku qui n’avait pas bougé de la pièce.

-Hum… je préfère rester là et t’indiquer le temps qu’il te reste avant d’être en retard… 5 secondes. »
Je soupirai avant de finalement prendre quelques affaires au hasard dans mon placard et de retirer la serviette autour de ma taille. C’était mon frère, de toute façon, alors quelle importance qu’il me voie nu ? En temps normal, j’aurais pris la peine de râler davantage, mais il ne fallait vraiment pas qu’Hayner parte sans moi, sinon… eh bien, mieux valait ne pas savoir. De plus, je voyais déjà ce que me dirait mon père : « Tu vois, je te l’avais dit, que tu aurais dû passer ton permis ! » Et puis quoi, encore ?

Enfin, je parviendrais certainement à me débrouiller pour partir le lendemain, mais voilà, je louperais le premier jour de cours. Pas très glorieux, pour démarrer mes années universitaires.

« 6 minutes, m’annonça mon aîné alors que je finissais d’enfiler un t-shirt garni du symbole de la triforce. Tu ne vas pas porter ça ?

-Et pourquoi pas ? » m’étonnai-je.

Je vis dans ses yeux qu’il tentait de juger si j’étais sérieux ou non, puis il afficha un sourire entre l’amusement et le désespoir.

« Mon pauvre… On va te ranger dans la catégorie des geeks dès ton premier jour. »

Et alors ? J’en étais un, de toute façon. Oui, un geek, un vrai, qui se couche à cinq heures du matin, car trop occupé à jouer à World of Warcraft ou à regarder l’intégralité du Seigneur des Anneaux – d’ailleurs, bonjour le réveil, au petit matin –, qui connait toutes les phrases cultes de Star Wars, Matrix ou Star Trek. Un vrai geek qui a une plantée de consoles de jeux et qui va devoir abandonner toutes celles qui ne sont pas portables pour partir à l’université.

Et bien sûr, de ce côté-là, mon frère aîné était mon parfait opposé.

« Néo… soupira-t-il, atterré. Je veux bien faire des efforts pour t’aider à acquérir une vie sociale, mais si tu n’y mets pas du tien…

-C’est que j’ai pas grand-chose d’autre à me mettre, aussi…

-Tsss… c’est mauvais pour ton objectif, ça. »

Bah, ça ne pouvait pas être si grave de se ramener en cours avec un t-shirt Zelda, si ? Surtout quand on suit un cursus informatique… Avec un peu de chance, je passerais même inaperçu, tiens ! Optimiste, je sais…

Je ne lui répondis pas et finis de vérifier mes affaires tout en rajoutant dans mon sac les choses dont j’avais besoin en dernière minute : ma brosse à dents, mon shampoing, ma nintendo DS, ma game boy color, mon rév…

Mon réveil. J’adressai un regard de reproche à Riku qui me fixait toujours d’un air amusé.

« Nan, tu pouvais vraiment pas le débrancher au lieu de couper les fils ? lui demandai-je à nouveau.

-Non, sinon tu l’aurais emporté avec toi, répondit-il très sérieusement. Et si par miracle tu réussissais à faire entrer une fille dans ta chambre, je suis persuadé qu’un réveil Star Wars la ferait fuir directement. »

Oui, encore fallait-il qu’une fille veuille bien m’adresser la parole…

Car c’était plus ou moins ça mon objectif de l’année – mis à part réussir mes études, mais ça, c’est, pfff, du gâteau ! –, à savoir me trouver une petite amie. Les raisons principales de ce choix étaient que mon frère et mes amis me bassinaient avec ça depuis plusieurs années, et que c’était un peu gênant de devoir dire aux personnes qui posaient la question que oui, à 18 ans, on était toujours puceau, et qu’on avait même jamais embrassé une demoiselle de sa vie. Bien sûr, avec ma réputation de no-life suprême, impossible de plaire à celles de mon ancien lycée.

« Une minute trente, déclara soudain Riku alors que je vérifiais qu’il ne me manquait rien. Dépêche-toi d’aller en bas. »

Je grognai une réponse que je n’étais pas certain de comprendre moi-même avant de filer dans les escaliers, mon sac en main. J’entendais ses pas résonner dans les miens et soupirai. Il allait me gâcher la vie jusqu’au bout, hein ?

On se ressemblait énormément avec Riku, autant physiquement –mêmes yeux oscillant entre le bleu et le vert, même chevelure argentée héritée de papa – que mentalement – des têtes de mules avec un ego surdimensionné. Oh, quoique, là-dessus, il me battait à plate couture. Par contre, il se trouve que sur certains points, nous ne sommes pas du tout d’accord l’un avec l’autre.

Une fois arrivé sur le pas de la porte, que je m’apprêtais à ouvrir, je sentis une main se poser sur mon épaule. Je me retournai, agacé par son insistance.

« Quoi, encore ? soupirai-je.

-Je voulais juste te dire bonne chance, s’étonna-t-il, sourcils arqués. Et je compte sur toi pour te trouver une copine !

-Bah voyons… »

J’entamai un mouvement pour me dégager, mais cet abruti fut plus rapide, plaquant son autre main libre contre mon dos et m’attirant contre lui dans une étreinte fraternelle, m’étouffant à moitié. Oui, car, bien sûr, malgré notre ressemblance, je faisais deux, voir trois têtes de moins que lui…

« Euh, Riku… Tu me lâches, oui ?

-Ouais, bien sûr, soupira-t-il en me libérant. Tu pars longtemps, alors je me disais…

-Que t’allais jouer au grand frère aimant ? C’est pas la peine ! » plaisantai-je.

Il eut un sourire. Un bruit de klaxon résonna dans la rue, devant la maison.

« Allez, file ! »

J’ouvris la porte pour tomber nez à nez avec les yeux marron et la tignasse blonde d’Hayner. Son grand sourire collé aux oreilles, aussi.

« Alors, prêt pour le grand départ ?

-Plus que prêt, oui, acquiesçai-je. Cassons-nous de ce trou paumé !

-Hey, ça te va bien de dire ça ! s’esclaffa-t-il alors que nous rejoignions sa voiture. À part pour aller en cours, tu sors pas de chez toi, alors…

-Je ne sors pas parce qu’il n’y a rien à voir, c’est tout !

-Mais oui… »

Le trajet se fit sous les bavardages incessants d’Hayner. De temps à autre, je ne faisais plus vraiment attention à ce qu’il me disait et répondait par phrases neutres en fonction du ton qu’il employait.

On se connaît depuis le primaire, lui et moi, mais nos débuts de relations furent plutôt… tumultueux, à vrai dire. Un petit garçon qui se prenait malencontreusement une balle de basket dans la tête ou qui se faisait voler son goûter ? C’était moi, toujours. Et celui qui me martyrisait ? Hayner. Remarque, lorsque ça n’était pas lui à l’école, c’était Riku à la maison…

Ils ont arrêté tous les deux lorsque j’ai commencé à rendre les coups. Au final, on a fini par devenir amis. Mon seul ami, d’ailleurs, avec Naminé. Oui, parce qu’il y avait au moins une fille, une seule, qui daignait m’adresser la parole, mais ça ne comptait pas, elle était aussi geek que moi, si ce n’était pas plus ! Elle n’allait pas dans la même université que nous, en revanche, et je trouvais cela bien dommage. Enfin… au moment de sélectionner mon établissement, j’ai dû choisir entre celui d’Hayner ou celui de Naminé, et cette dernière avait suivi son troupeau d’amies femelles. Je n’aurais pas aimé me sentir exclu, alors j’ai accompagné Hayner.

« Au fait, t’as pensé à ton petit défi de l’année ? me lança soudainement le blond de but en blanc. Tu sais, réussir à draguer une vraie fille ? »

Je soupirai. Bien sûr, qu’il était au courant. Je n’aurais sans doute pas dû lui dire, d’ailleurs. Je devrais supporter ses remarques moqueuses toute l’année, et ce serait encore pire si je ne réussissais pas.

« Mais tu cherches quel genre de nana, au fait ? poursuivit-il.

-Je sais pas… fis-je mine de réfléchir alors qu’en fait si, je savais, mais ça faisait plus classe. Une qui me comprendrait, avec qui je pourrais avoir des conversations, je pense.

-Ouais, une geek, quoi. »

Voilà. Pas si bête que ça, l’animal.

« Laisse tomber, ricana-t-il. Ce genre-là, ça ne court pas les rues. La seule représentante féminine que j’ai vue, c’est Naminé. D’ailleurs, t’as jamais pensé à sortir avec elle ? »

Je grimaçai. Si, bien sûr, j’y avais pensé, mais je la connaissais depuis tellement longtemps que ce serait comme embrasser ma sœur. Cela me dégoûterait plus qu’autre chose, à vrai dire. Je n’étais pas désespéré à ce point, tout de même !

Puis Naminé me faisait peur, parfois. Plutôt que geek, c’était surtout le genre otaku. Et yaoïste par-dessus le marché. Vous savez, ces animaux étranges qui bavent devant des histoires d’amour concernant deux beaux mâles ? Ben voilà, Naminé, c’était ça. Un monstre déguisé en petite fille sage.

Le trajet dura quelques heures avant que nous n’arrivions devant le bâtiment universitaire où se trouvaient les chambres d’étudiants. Quelques personnes certainement déjà installées traînaient çà et là dehors ou dans le hall, sans prêter attention à nous.

« Observe bien les alentours, m’intima Hayner à l’oreille. Qui sait, tu trouveras peut-être ta prochaine proie ! »

Vraiment, parfois je me demandais s’il ne prenait pas le sujet plus sérieusement qu’il ne fallait…

« Dis pas de bêtises, soupirai-je. T’es dans quelle chambre ? »

Tout en parlant, j’extirpai de mon sac les papiers fournis par la fac où se trouvait notamment mon numéro de chambre.

« 245, répondit-il. Et toi ?

-215.

-Raah, on n’est même pas ensemble ! Nul ! »

À quoi s’attendait-il ? Il devait y avoir un peu moins d’un millier de pensionnaires, et une seule probabilité parmi celles-ci que l’on soit dans la même chambre.

« Même pas au même étage ! Je pourrai pas venir t’embêter.

-Et encore heureux…

-Oh, allez ! s’esclaffa-t-il. Tu n’es rien sans moi ! Nada ! »

Ce n’était pas la peine de lui faire savoir qu’il n’avait pas tort et qu’en effet je m’ennuierais ferme sans lui. Surtout sans ma PS3.

Il m’abandonna au premier étage tandis que je tentais de trouver l’endroit où j’allais vivre durant l’année qui suivrait, les yeux rivés sur les numéros de portes. Je trouvai finalement le 215 et ouvris la porte sans plus de cérémonie.

C’était… petit. Ce fut la seule chose qui me vint à l’esprit à mon premier regard d’ensemble sur la pièce. Et bien vide, mais qu’importe. Deux lits simples trônaient à l’opposé l’un de l’autre, accompagnés d’une table de chevet. En face de l’entrée, sous une grande fenêtre se trouvait un bureau, et sur le mur de gauche, une porte qui devait certainement mener à une salle de bain ou aux toilettes – voir aux deux, hein. Je ne savais pas exactement comment fonctionnait une résidence étudiante. J’espérais bien qu’on avait des douches individuelles ! Enfin, je vérifierai ça après.

Visiblement, mon colocataire n’était pas encore arrivé. Pourvu que ce ne soit pas un deuxième Riku…

Sans plus attendre, je pris d’assaut le lit que je décrétai être le mien – celui près de la porte – et déballai mes affaires. Me souvenant de la perte regrettable de mon réveil, je me promis de le faire payer à mon frère aussi tôt que je le pourrais et commençais à empiler mes consoles portables sur la table de chevet, ainsi que les jeux qui vont avec. Ce fut avec soulagement que je constatai que je n’avais pas oublié Dissidia, mon jeu favori du moment. Sauf que lorsque je voulus prendre la PSP assortie...

« Non, quand même pas… »

Je fouillai le fond de mon sac, puis les petites pochettes sur le côté, en vain. En désespoir de cause, je vidai le contenu intégral de mes affaires sur mon lit, sans trouver la fameuse console.
Non, mais non, quoi ! Comment j’allais jouer à Dissidia, maintenant ?

Bon, pas de panique… avec un peu de chance, Riku pourrait me l’envoyer par la poste… Quoique, l’hypothèse qu’il y soit pour quelque chose m’effleura l’esprit. Ou bien Hayner accepterait qu’on revienne un week-end pour que je puisse aller la chercher ?

Ce fut à ce moment de mes réflexions que la porte s’ouvrit à grand bruit, comme si on eut donné un coup de pied dedans. Et pour cause, le nouvel arrivant avait les mains occupées. Je détaillai celui qui, logiquement, devait être mon compagnon de chambre. Plutôt grand – pas autant que Riku, mais par rapport à moi quand même – des cheveux couleur ébène en bataille et des yeux d’une teinte étonnante – dorée – qui affichaient à l’instant un air concentré.

J’aurais pu le trouver beau, mais ce ne fut pas ça que je remarquai en premier chez lui.

Dans ses mains. Une PSP. Il jouait en marchant, si bien qu’il ne sembla pas m’apercevoir tout de suite, mais je m’en fichais. J’étais sauvé.

« Euh… Salut. »

Manière superbement originale de commencer un dialogue, je dois l’avouer. Il se releva ses yeux ambrés vers moi, l’air presque surpris que je lui adresse la parole. La seconde d’après, il fixait à nouveau l’écran.

« Deux secondes », ordonna-t-il.

Ça aurait pu me vexer, mais je compris qu’il sauvegardait. Bon réflexe. C’était mieux que de laisser la console tourner dans le vide, surtout avec le peu de batterie qu’elle possédait.

Une fois qu’il eut jeté sa console sur le lit et posé son sac à terre, il daigna enfin lever les yeux vers moi.

« C’est toi mon coloc ?

-‘Paraît… répondis-je.

-Comment tu t’appelles ?

-Néo. »

Il afficha un air franchement étonné, avant de rire doucement. Bof, j’étais habitué. Les blagues sur mon nom, j’en ai chié tout le collège et aussi un peu au lycée. En classe de latin, surtout. Ah, la classe de latin, c’était beau, vraiment ! En toute ironie, bien sûr.

« Je peux savoir ce qui te fait rire ? demandai-je tout de même en lui envoyant mon plus beau regard noir, juste pour le dissuader de faire des blagues là-dessus à l’avenir.

-Néo… Comme dans Matrix ? »

Oh, celle-là, on me l’avait trop rarement faite ! Je gardai mon étonnement pour moi, mais notai mentalement qu’il gagnait +10 points dans mon estime. Ce qui lui faisait… 10 points. Bien, c’était autant que Riku.

« Ouais, c’est ça, acquiesçai-je. Tu connais ?

-Et comment ! Je dois l’avoir vu une bonne dizaine de fois, ce film ! »

Oh ! Un confrère geek ? Bon, ne pas s’affoler et lui donner 25 points d’un coup… Si ça se trouvait, c’était la seule référence digne de ce nom qu’il avait. Tout d’abord, tester ses connaissances…

« C’est qui ton personnage préféré ? »

Ouais, côté question intelligente, on repassera, je me faisais l’effet d’un fanboy de douze ans. Seulement voilà, c’est le seul fil de conversation qui me venait à l’esprit. L’autre fit mine de réfléchir.

« Bah… Néo, justement.

-Ah ?

-Ouais… y’est sexy dans son manteau en cuir. »




D’aaaccord. Qu’étais-je censé répondre à ça, au juste ? Que pouvais-je répondre à ça ?

« Euh… Sinon, tu t’appelles comment, au fait ? »

Très bien Néo, détourner la conversation en douceur, parfait…

« Vanitas. »

Ah, tiens, un prénom latin ! Bah, pour la peine, je lui rajoutai 5 points. Je le connaissais depuis deux minutes à peine et je l’estimais déjà plus que mon frère. Fantastique. Je notai également qu’il faudrait que j’arrête de jouer aux Sims. Bientôt, j’allais aussi calculer ma jauge d’hygiène et de charisme…

« Bon, si tu permets, je vais ranger mes affaires », me dit-il avant de se détourner.

J’en profitai pour en faire de même, vérifiant au passage à quoi conduisait la porte sur le côté de la pièce. Un placard. Bordel, on n’avait même pas de toilettes dans cette chambre ? J’en déduisis que les sanitaires étaient publiques et devaient se trouver vers le fond du couloir. Je soupirai avant de retourner à ma besogne.

Vanitas, lui, avait déjà presque fini et s’attelait à présent à accrocher un poster… Oh mon dieu, ce poster ! Il représentait un jeu vidéo bien connu… Enfin, pour ceux ayant un minimum de culture.

« Tu joues à Portal ? » demandai-je calmement.

Oui, calmement, je n’allais pas montrer à quel point j’étais ravi, tout de même ! Et puis, je savais parfaitement conserver un air stoïque, alors autant que ça serve. Ça faisait peur à Hayner, d’ailleurs, des fois.

« Toi aussi ?

-Ouais. »

Il se tourna vers moi, un sourcil arqué, perplexe.

« Prouve-le, déclara-t-il. Cite-moi une des phrases les plus marquantes de Glados.

-The cake is a lie » répondis-je du tac au tac.

Une sorte de sourire satisfait éclaira son visage pendant que, mentalement, je lui rajoutai 25 points d’estime d’un coup. Et toc.

Nous parlâmes ainsi pendant une bonne partie de l’après-midi et de la soirée, dérivant sur divers sujets peu compréhensibles du commun des mortels. J’appris plusieurs choses sur ses goûts, comme sa série préférée (Torchwood), son jeu vidéo favori (Metal Gear Solid) ou encore qu’il suivait des études en informatique. Ce genre de sujets, je ne pouvais les aborder qu’à petites doses avec Hayner et Naminé (bien que cette dernière soit assez calée en références geeks, elle n’était pas très bavarde).

L’année s’annonçait plutôt bien.

Le lendemain, je retrouvai mon meilleur ami en cours d’algèbre avancé.

« Eh ben alors, m’accueillit-il lorsque je vins me placer à ses côtés dans l’amphi. T’as rencontré l’amour de ta vie ou quoi ? T’as les yeux qui brillent…

-Encore mieux que ça. »

Je lui appris mon heureuse rencontre de la veille en vitesse avant que le cours ne démarre.
« Le meilleur, c’est qu’il a une PSP et que j’ai oublié la mienne, conclus-je. ‘Faudra que je lui demande ce soir s’il veut bien me la prêter, tiens.

-Ah, alors t’as trouvé un représentant de ton espèce ! J’suis content pour toi.

-Et toi, ton coloc ? questionnais-je.

-Ah… Ouais, bof… maugréa Hayner. Il m’énerve déjà. Il s’appelle Seifer et il se la pète grave. Pour l’instant ça va, mais je sais pas si je vais tenir toute l’année ! Je l’ai déjà catégorisé dans la section des crétins. »

Nous fûmes interrompus par le professeur qui venait d’entrer dans la salle. Le reste de la journée se passa sans encombre notable. Je découvrais les joies des cours théâtraux. Plutôt barbant, en fait. M’enfin, étant un élève modèle, j’écoutai les professeurs sans broncher. Ces études, il fallait que je les réussisse. J’avais des ambitions, moi, et pas qu’un peu ! On ne dirait pas, comme ça.

En fin d’après-midi, je rentrai enfin dans ma chambre, épuisé par cette première journée de cours, pour trouver mon charmant colocataire affalé sur son lit en jouant à la PSP.

« Déjà rentré ? lui demandai-je, surpris.

-Hm ? Ouais. »

Il ne prit même pas la peine de relever la tête vers moi. Bah, tant pis.

« Tu joues à quoi ?

-Ça te regarde pas. »

J’haussai un sourcil devant son ton plus froid que la veille. Je l’avais déjà senti plutôt renfermé, mais à ce point…

« C’est drôle, fis-je pour engager la conversation. Moi, j’ai oublié ma console chez moi…

-C’est con, surtout », ricana-t-il.

Merci Captain Obvious…

« Euh… commençai-je. Je me demandais… Tu voudrais bien me la prêter, de temps en temps ? C’est con, j’ai les jeux mais je peux même pas y jouer… »

Pour le coup, il daigna mettre son truc sur pause pour me fixer comme si je venais de sortir une énormité.

« Hum… Non ?

-Pourquoi ? m’étonnai-je.

-Parce que je veux pas. »

Je n’insistai pas, vexé. C’était quoi, ce mec ? La veille, il paraissait super sympa, avec les mêmes centres d’intérêt que moi, et là… Là, il descendait dans mon estime. Ne pas accepter d’aider un confrère dans le besoin !

« Je m’en fiche, finis-je par répliquer. J’ai ma game boy avec Pokémon Crystal… »

La semaine suivante se déroula… A vrai dire, ni bien ni mal, mais elle se déroula, c’était déjà ça.
En vérité, Vanitas s’avéra ne pas être l’incroyable connard qu’il paraissait au premier abord. Égoïste, ça oui, mais pas réellement méchant. Plutôt sympa, à vrai dire. Enfin… ça dépendait des jours et de son humeur. Il pouvait être aussi bien gentil que totalement exécrable. Dans l’ensemble, ça se passait bien.

Hayner, en revanche, se plaignait de plus en plus de Seifer. Le pauvre… il était vraiment mal tombé. Visiblement, son colocataire rentrait souvent à minuit ou plus tard – le tout en faisant un vacarme de tous les diables – et s’emportait à la moindre remarque. Connaissant Hayner, il n’allait pas tarder à exploser. Enfin, il n’avait pas à le supporter pendant la journée alors ça se passait plutôt bien.

Il m’avait présenté un garçon et une fille avec qui il avait fait connaissance : Pence et Olette. Je les trouvais d’une compagnie agréable mais, boaf, pas plus que ça. Il allait falloir que je me méfie de Pence, par contre. Il collait mon meilleur ami d’un peu trop près, sans compter qu’ils avaient la même grande passion pour les glaces. Oh non, je ne tenais absolument pas à me faire substituer mon seul allié dans la vie ! Puis quoi, encore ? Enfin, il restait Vanitas, mais tout de même…

En parlant d’Hayner, celui-ci ne me lâchait pas sur un point.

« Alors ? me demanda-t-il une fois en sortie de cours. Toujours pas de petite amie ?

-Depuis hier ? soupirai-je. Non… »

Enfin, ce n’était pas comme si je m’y mettais sérieusement, non plus… Ça me soulait, à vrai dire. Je voyais déjà d’ici les immenses râteaux que j’allais me prendre.

« Tu ne cherches pas, aussi ! s’exclama-t-il en fronçant les sourcils. T’as adressé la parole à une fille depuis qu’on est arrivés, au moins ?

-Ouais, à Olette. À Naminé sur MSN et par textos, aussi…

-Rhaa, mais ça compte pas, ça !

-Arrête, tu parles trop fort. »

En effet, certains élèves se retournaient sur notre chemin en le voyant bouger les bras comme un idiot et en l’entendant râler. Je n’aimais pas trop ça. Être le centre de l’attention ? Oh, ça ne me dérangeait pas, tant que c’était de manière positive ! Ce qui, soyons honnêtes, n’arrivait quasiment jamais… Peut-être pour ça, aussi, que je ne supportais pas Riku… À voir.

« Et la fille qui est assise à côté de toi en éco ? me demanda Hayner. Kairi, je crois… Tu ne lui as vraiment jamais adressé la parole ? »

Euh… ce serait viser un peu haut, là. Elle, ce serait plutôt une fille pour mon frère. Je n’aurais aucune chance de m’attirer ses faveurs. Il s’agissait d’une jolie rousse aux yeux bleus, très féminine et qui ne se baladait jamais sans son troupeau d’amies.

Enfin, le bougre insista. Alors, le lendemain, j’allai lui parler avec l’impression d’avoir à peu près autant de chance de ne pas passer pour un imbécile que de trouver la dernière décimale de Pi.

Je me trompai presque. Elle ne m’a pas envoyé bouler du premier coup, en tout cas. J’ai même eu droit à un sourire ! Le seul problème… manque de sujet de discussion. J’avais mal calculé mon coup. Parce que oui, bon, parler du cours cinq minutes, ça allait, mais à un moment donné il fallait orienter la conversation de manière à avoir mes chances de l’inviter boire un verre ou quelque chose du genre… En tout cas, c’est ce que j’imaginais. Ça se passait comme ça, dans les séries débiles que regardait Riku.

« Donc… commençai-je, pas sûr de ce qui allait sortir de ma bouche. Tu viens, d’où, au fait ? »

Bien, Néo, magnifique. Bon rattrapage. Mine de rien, je venais de gagner deux points de charisme d’un coup, là ! Finalement, ça allait peut-être pouvoir le faire… Ou pas…

« Dans le sud, m’informa-t-elle. J’ai hésité avant de venir étudier ici, à cause de mon copain que je ne peux voir que pendant les vacances, du coup… »

D’accord. On redescend sur terre. Ça faisait à peu près le même effet que de se prendre indirectement un râteau dans la tronche. Pour une fois que ça se passait bien…

Je balbutiai une excuse et m’éclipsai promptement. Quel imbécile, cet Hayner, avec ses idées à la con !

Je traversai le bahut et remontai dans ma chambre, soulagé d’y voir mon colocataire et presque ami à son endroit habituel.

« Jamais tu révises tes cours, toi ? lui balançai-je en guise de bonjour.

-Nan… Je verrai ça en période d’exam.

-Tu vas te foirer… » prévins-je.

Un mince sourire étira ses lèvres. Je commençais à m’habituer à sa manie de me parler sans décoller ses yeux de l’écran.

« On parie ?

-Ça marche ! acquiesçai-je. Si tu perds, tu rédiges mes dissert’ pour le semestre suivant !

-Si je gagne, tu feras la même chose pour moi !

-Marché conclu, alors ?

-Conclu, sourit-il. Mais ça va, toi ? On dirait que tu viens de perdre toute ta famille.

-Hein ?

-Tu te tapes une tronche de déterré, là. »

Mais comment il pouvait voir ça en ne décrochant pas une seconde le regard de sa console ?! Je m’assis sur mon lit en soupirant.

« Rien… Laisse tomber.

-Si tu le dis. »

Ce qui était bien avec Vanitas : il ne se montrait pas indiscret. D’un autre côté, il ne devait pas en avoir grand-chose à faire, de ma vie… Puis, je ne souhaitais pas lui raconter ma mésaventure, ni lui parler de mon grand défi de l’année. Niveau crédibilité, ça passait au ras des pâquerettes. Moi, honte ? Non, même pas, mais juste… Je ne tenais pas à me ridiculiser devant lui, voilà tout.

Après avoir révisé mes cours pour le lendemain, j’allumai mon ordinateur portable, histoire d’avoir quelques nouvelles de ma famille et de Naminé. Tiens, seul Riku était connecté… Je décidai de lui raconter ma malencontreuse mésaventure du jour, sachant très bien qu’il se foutrait de ma gueule.

Effectivement, ça ne loupa pas. Enfin... Au moins, il prit la peine de faire semblant de compatir… J’avais beau lui casser du sucre sur le dos, mon frère pouvait se montrer gentil envers moi quand il voulait. Pas souvent, mais ça arrivait.

Riku dit : T’as visé trop haut dès le départ, aussi… ^^

Néo dit : Je sais… La faute d’Hayner !

Riku dit : Tu ne m’avais pas parlé d’une fille avec qui tu traînais ?

Néo dit : Olette ? Mouais… J’y ai jamais pensé…

Pas bête, tiens ! Je ne la trouvais pas spécialement jolie, mais pas vraiment moche non plus. Il ne fallait pas viser trop haut, comme il disait.

Dès le lendemain, j’en parlai à Hayner. Il ne parut pas enchanté.

« Ça te dérange ? questionnai-je.

-Non, si, non, ça va… répondit-il avec une petite moue.

-Tu sais, si jamais elle te plaît, tu peux me le dire, hein.

-Mais non ! s’exclama-t-il avec un grand sourire. Fonce ! »

Mouais… Allez savoir pourquoi, son mensonge ne me convainquait pas.

Néanmoins, j’allai tout de même voir Olette à la pause de midi… et me fis éconduire poliment mais fermement. Je passe les détails. Étrangement, ça ne me démoralisait pas autant que pour Kairi. Sans doute parce que je me serais senti mal de sortir avec Olette alors que mon meilleur ami semblait s’y intéresser. Nouvel échec. Je commençai à me dire qu’il vaudrait mieux abandonner.

Durant les deux semaines qui suivirent, Hayner tenta de me faire aller vers les différentes filles du bahut, et même de prendre des initiatives pour moi envers elles. Une seule accepta un rendez-vous avec moi, mais je mis vite fin à la relation. Une véritable psychopathe. Pas une gentille folle comme Naminé, mais une vraie sadique ! Larxène, qu’elle s’appelait. Je ne voulais pas prendre le risque de passer une heure de plus en sa compagnie. Après ça, Hayner me dit que je faisais beaucoup trop mon difficile. J’aimerais bien l’y voir, tiens !

Cette histoire commençait à me fatiguer, mais je savais que ni lui ni mon frère ne me laisseraient tranquille jusqu’à ce que j’aie trouvé quelqu’un. Pourtant, je sentais que ça ne collerait avec aucune des demoiselles que mon meilleur ami tentait de me mettre dans les pattes. Certaines paraissaient certes très gentilles, mais… je ne savais pas, quelque chose ne passait tout simplement pas.

De son côté, Vanitas ne voulait toujours pas me prêter sa PSP, le fourbe. Il ne révisait toujours pas, non plus. Puis, il avait pris une sale habitude ces derniers temps, à savoir se balader en serviette de bain dans la chambre. Soi-disant qu’il oubliait à chaque fois de prendre ses affaires propres et qu’il ne voyait pas l’intérêt de remettre ses vêtements sales pour traverser le couloir. Ça m’agaçait profondément sans que je sache trop pourquoi. Peut-être son manque de pudeur ou sa façon de se pavaner comme s’il était le maître des lieux, allez savoir.

En revanche, grâce à lui, j’allais pouvoir réaliser un des plus grands rêves de ma vie : compléter mon Pokédex. Eh oui, vous savez, cette affreuse chose dans Pokémon où il faut capturer TOUS les Pokémons existants ? Voilà, c’est ça. Sauf que bien entendu, certains Pokémons sont introuvables sur la cartouche et il faut faire des échanges avec d’autres amis pour les avoir ! Avant ça, j’ai jamais eu d’amis jouant à Pokémon. Vanitas, lui, possédait la version Argent, et qui plus est le câble link pour relier les Gameboy entre elles ! Du coup, il passait presque au rang de demi-dieu dans mon estime.

Parfois, on se faisait des tests de culture générale qui duraient jusque tard dans la nuit. Enfin, quand je dis culture générale, bien sûr…

« Cite-moi au moins dix noms de nains dans le seigneur des anneaux !

-Facile : Gimli, Durin, Thorin, Dori, Nori, Ori, Bifur, Bofur, Bombur, et… Ah, attend ! Dwalin. »

Il eut un sifflement admiratif.

« Pas mal ! Je pensais pas que tu trouverais, franchement !

-À ton tour, fis-je. Dix noms d’elfes ! »

Il soupira comme s’il s’y attendait.

« Euh… Legolas, Arwen et… Laisse tomber, j’ai pas lu les livres. »

Je me redressai sur mon matelas pour le dévisager, à l’autre bout de la pièce.

« T’es sérieux ?

-Ouais, avoua-t-il en riant à moitié. J’ai vu que les films.

-Je te les prêterai, si tu veux, fis-je. Quand je rentrerai chez moi pour les vacances…

-Nah, c’est bon, ça me dit rien. »

Je soupirai. Il était vrai que je ne l’avais jamais vu en train de lire. Il ne devait pas aimer ça. Je me retournai dans mon lit pour attraper mon portable sur la table de chevet.

« On devrait arrêter là, commentai-je. Il est minuit passé…

-Et alors ? demanda Vanitas.

-Euh… On a légèrement cours, demain. Tôt.

-T’as qu’à pas y aller », rétorqua-t-il.

Et puis quoi, encore ?

« Tu sèches souvent les cours ? questionnai-je.

-Assez, oui. Chaque fois que j’ai pas envie de venir. »

Ah, d’accord, ça expliquait pourquoi il rentrait toujours avant moi…

« Je n’ai jamais compris les gens qui allaient à la fac pour ne rien foutre, commentai-je. Quel intérêt ?

-De ne rien foutre, justement », répliqua-t-il avec un petit rire.

Je soupirai à nouveau, avant d’éteindre ma lampe. À présent, la seule lumière de la pièce venait de la sienne. De là où j’étais, je ne pouvais pas voir son visage à cause du meuble, mais je me tournai tout de même vers lui.

« Tu n’as vraiment aucune ambition ?

-Bof, non, répondit-il. Je ne sais toujours pas ce que je ferais une fois mon diplôme en poche, et franchement je préfère y penser le plus tard possible. »

Il y eut un silence pendant lequel je fixai sans le voir le bois de ma table de chevet, réfléchissant aux propos de mon colocataire. Moi-même, j’avais mis longtemps à me décider sur ce que je voulais faire. Enfin…

« Et toi ? T’y as déjà réfléchi ? »

Plus que réfléchi, même.

« Analyste programmeur », lâchai-je.

Je l’entendis se redresser sur son lit.

« C’est quoi, ça ?

-Un truc où je pourrai avoir mon nom dans le générique de fin d’un jeu vidéo, lui appris-je, amusé. Développeur, si tu préfères.

-Ah, ok. Chaud. Y’a des trucs plus simples qui paient mieux, tu sais ?

-Je sais, le rassurai-je. Mais j’aimerais laisser mon nom à la postérité, tu vois ? Être sûr qu’on m’oublie pas. »

Dès que ce fut prononcé, je me demandai pourquoi je lui racontais ça ? S’il riait, je le tuais. Cette peur de disparaître des mémoires, même mon entourage proche n’en savait rien. Je ne trouvais aucune explication quant à cette confession. La fatigue, sans doute… Néanmoins, il ne se moqua pas.

« Je vois ce que tu veux dire… »

Un court silence s’ensuivit, que je n’osais briser. Une question me vint à l’esprit. Était-ce normal de se sentir si proche d’une personne rencontrée quelques semaines plus tôt à peine ? Pendant un moment, bref, j’ai pensé que je pourrais tout lui dire, si je le voulais ; tout ce que je retenais d’habitude, que je gardais hors de portée des autres, même de mes meilleurs amis. La sensation s’en alla aussi brièvement, laissant tout de même une sensation de malaise derrière elle.

« Faut vraiment qu’on dorme, là, non ?

-Si tu veux… ‘nuit.

-Bonne nuit. »

Le lendemain, à peine arrivé en cours, Hayner me soulait déjà.

« Parfois, j’ai l’impression que tu n’essayes même pas de te trouver quelqu’un ! râlait-il.

-C’est pas ton problème, soupirai-je. Et tu peux parler, tu es aussi célibataire, en ce moment…

-Justement ! s’exclama-t-il. Le mot-clé dans ta phrase est : en ce moment ! J’ai déjà eu quelqu’un, moi. Donc, je ne suis pas une priorité, mais toi si. T’es mon meilleur pote et j’veux que tu sois heureux, tu comprends ? »

S’il arrêtait de me stresser avec ça, je pense que mon niveau actuel de bonheur augmenterait.

« Sinon, il se passe quoi de beau dans ta chambre ? demandai-je pour changer de sujet et pour me venger un peu. Seifer est toujours une affreuse teigne ? »

Contre toute attente, au lieu d’exploser en plaintes en tout genre, il se contenta de marmonner un truc incompréhensible. Je n’insistai pas. Soit, au moins j’aurais la paix pour quelques heures…

Le reste de la journée se déroula dans la routine la plus complète, mis à part un message de Naminé me demandant où j’en étais dans ma « quête de l’âme sœur ». Décidément… Je préférais ne pas l’informer de mon manque de chance auprès de la gent féminine, tout simplement, car je voyais déjà la réponse qu’elle m’enverrait : « Tu pourrais essayer auprès de la population masculine. Wink » et je n’avais pas envie d’argumenter contre elle sur ce sujet-là. Elle avait déjà embêté un ami à elle avec ça, une fois… Le pauvre avait même fini par considérer la question tellement la demoiselle avait sorti d’arguments soi-disant convaincants sur la tolérance, le fait que le physique importait peu ou d’autres choses du genre…

Le soir, j’allumai mon ordinateur portable et, sitôt que j’eus ouvert MSN, Riku m’agressa lui aussi.

Riku dit : Alors, toujours pas de petite amie ?

Mais ils s’étaient passés le mot, ou quoi ? Ça ne m’étonnerait même pas, tiens… Mon entourage a une fâcheuse tendance à se liguer contre moi, en général. « Pour mon bien », qu’ils disent… Bon, il était temps de mettre les choses au clair…

Néo dit : Ouais, bon, arrêtez un peu avec ça ! De toute façon, c’est complètement stupide de chercher à tout prix à me caser une fille que j’aimerai pas forcément et avec qui je partagerai pas grand-chose. Ça suffit, les conneries. Si je rencontre quelqu’un, ce sera par hasard et ce sera nécessairement quelqu’un avec qui j’ai des points communs. Maintenant, perso, j’arrête les frais alors si tu pouvais éviter de me prendre la tête avec ça chaque fois qu’on se parle… Merci.

Après mon plus ou moins gros pavé de quelque 80 mots, j’osai espérer qu’il comprendrait, voir même qu’il s’excuserait. Enfin, à tout sauf à ce qu’il s’obstine et poursuive dans sa lancée.

Riku dit : … Donc, tu cherches quelqu’un avec qui tu as des points communs.

Néo dit : Voilà ! Enfin, non, je ne cherche plus !

Visiblement, il prit ma réponse pour un encouragement… ou alors, il tenait vraiment à m’emmerder jusqu’au bout, dans ma tombe et même après. Chieur…

Riku dit : Hey, mais tu m’avais pas dit que ton coloc était un putain de geek pire que toi ?

Néo dit : Pas pire que moi, non… Il a même pas lu le Seigneur des Anneaux. Mais c’est quoi le rapport ?

Bon, je n’allais pas me plaindre du changement de sujet… en espérant qu’il n’insiste plus à l’avenir. Il faudra que j’en parle à Hayner et Naminé, aussi… ‘Marre qu’on se mêle de ma vie privée, quoi…

Riku dit : Eh bah voilà, sors avec lui ! =D

Euh… quoi ? Je dus relire trois ou quatre fois la phrase pour m’assurer que j’avais bien lu ce que je venais de lire.

D’accord… Un peu plus, et je me cognais le front contre la table. Suicide par coups répétés ? Est-ce que mon frère serait inculpé pour m’avoir indirectement poussé à me tuer ? J’espérais bien, tiens ! Bien fait ! Je devrais faire une lettre de confession, en fait, carrément. Accuser Hayner et Naminé, aussi. Enfin, non, si j’essayais de me tuer là tout de suite, Vanitas m’en empêcherait. Et après il lirait la conversation que je viens d’avoir avec mon frère et…

Merde. Tentant d’être discret, je me tournai vers mon colocataire, juste pour être sûr qu’il ne lisait pas par-dessus mon épaule. Bien, il était trop concentré sur sa console de jeu pour faire attention à moi. J’inspirai à fond pour me calmer avant de lui répondre.

Néo dit : Euh… Tu sais que je suis pas gay, hein, au moins ?

Riku dit : Si Naminé était au courant que tu as dit ça ! xD Tu sais très bien que ce genre de choses, c’est subjectif, voyons ! Wink

Eh bah voyons… Tout en finesse, le frangin. J’espérais sincèrement qu’il disait ça pour plaisanter.

Je lui écrivis de laisser tomber et me déconnectais sans attendre de réponse. Quel abruti.

« Eh bah, qu’est-ce qui t’arrive ? me demanda Vanitas en voyant que j’allais me coucher.

-Rien. J’suis fatigué. Bonne nuit. »

J’avais juste pas envie de lui parler ce soir. Pas que ce soit de sa faute, hein, du tout, mais juste… Juste, pas maintenant, quoi. Vu la sale journée que je venais de passer…

Je ne m’endormis pas aussi vite que je l’aurais voulu. Le matin même, je me réveillai avec un message de Naminé. Aussi tôt dans la journée, c’était inquiétant… Et pour cause.

« Riku m’a dit que tu allais peut-être éventuellement hypothétiquement sortir avec un mec ! Bonne chance. 8D Si tu veux des conseils pour quoi que ce soit, n’hésite pas. Je dis bien : quoi que ce soit ! Et tiens-moi au courant. Wink »

Je pensais au début à me remettre sous la couette et me rendormir. Vu comment la journée démarrait, mieux valait que je reste au lit… Pourtant, puisque je suis d’un courage exceptionnel, je me décidai à braver les évènements de cette journée pour le moins étrange.

Je ne répondis pas à Naminé, en revanche. Juste, pas envie de lui expliquer qu’il ne s’agissait que d’un délire de mon abruti de frère. D’ailleurs, j’envoyai un SMS au dénommé abruti juste avant de partir en cours : « Connard. » Voilà, soft et direct. Il comprendrait rapidement la signification de ce simple mot, pour peu qu’il ait encore un neurone de fonctionnel, ce dont je doutais fortement.

Je partis donc retrouver Hayner et, pour être sûr que lui, au moins, arrête de m’emmerder avec ça, lui racontai les évènements de la veille et la… ahem, brillante idée de Riku.

Pas la meilleure chose à faire, songeai-je, lorsque contrairement à mes attentes, son visage s’illumina, un sourire sadique prenant forme sur ses lèvres.

« Mais ouais ! C’est une bonne idée, en plus !

-Non, Hayner, pas toi… » geignis-je, connaissant déjà la suite des évènements.

Et effectivement, toute la journée, chaque fois que j’eus le malheur de le croiser, il ne me parlait que de ça. Bien sûr, il passa lui aussi le mot à Naminé pour qu’elle m’envoie un millier de SMS m’expliquant pourquoi je devrais au moins tenter de sortir avec un mec. J’abandonnai toute forme d’argumentation au quinzième pavé du style :

« Non mais sérieusement, fonce ! Puis, l’amour ne devrait pas limiter à un seul genre ! T’as peur de te découvrir gay ? Néo, pour une fois dans ta vie, aie des couilles ! Je sais, c’est vulgaire, mais je vois pas comment te dire ça autrement… Même si ça te plaît pas, t’auras essayé au moins, et tu pourras en être fier. =) »

Quand est-ce qu’ils comprendraient que je n’en avais tout simplement pas envie ?

Enfin… ils se lasseraient bien de se mêler de ce qui ne les regardait pas à un moment donné, non ? Puis, sortir avec Vanitas, franchement, mais quelle idée ! Pourquoi pas avec Hayner, tant qu’ils y étaient ? D’accord, on s’entendait à peu près bien, mais ce n’était pas une raison… Puis, il n’était même pas gay.

Trois jours passèrent… et les trois énergumènes ne cessaient pas de me harceler. Surtout Riku et Hayner, en fait. J’ai fini par vexer Naminé en lui répondant que tous les mecs n’existaient pas uniquement pour satisfaire ses pulsions yaoistes. Je n’avais plus de nouvelles, depuis. Bof, tant pis pour elle, après tout. Ce n’était pas à moi de m’excuser. Cette histoire commençait vraiment à me souler. Encore, venant de Riku qui faisait tout pour me pourrir la vie depuis ma naissance, j'avais l’habitude… En revanche, Hayner paraissait parfaitement sérieux lorsqu’il m’encourageait à sortir avec un mec. Mon meilleur ami tentait de me faire devenir gay. Génial. Certains jours, je détestais ma vie. Sincèrement.

Ce soir-là, ce fut la goutte de trop. Je rentrai déjà agacé par ma journée, saluai vite fait Vanitas qui se trouvait à sa place habituelle : assis sur son lit en train de jouer à la psp – il allait vraiment finir par faire partie du mobilier, à force – et allumai mon ordinateur sans même prendre la peine de réviser un peu avant. Pas le courage, franchement…

Et bien entendu…

Riku dit : Alors, toujours pas en couple ? =D

Néo dit : Va te faire foutre, sérieux…

Riku dit : Oooh, tu me brises le cœur, tu sais ?

Néo dit : Faudrait déjà que t’en aies un…

Riku dit : Ça te va bien de dire ça ! Moi, au moins, j’ai une copine.

Bien sûr, depuis quelques mois mon frangin filait le parfait amour avec une certaine Xion… que je n’avais jamais rencontrée, signe que ce n’était pas si sérieux que ça… ou bien qu’il préférait se montrer méfiant, désormais. Il ne nous avait présenté qu’une seule de ses copines auparavant. Une pétasse qui l’a largué un peu après. Il a eu le cœur brisé, le pauvre. Ça m’a fait mal pour lui.

Ouais, j’ai beau répéter que je le déteste à longueur de journée, c’est quand même mon frère… Voilà le drame de ma vie, je sais que je devrais le supporter jusqu’à la fin de mes jours parce que, dans le fond, je l’aime bien. Triste, non ?

Néo dit : Je te déteste. Tu le sais, ça ?

Riku dit : Mais oui, moi aussi je t’aime ! Alors sois un gentil petit frère et écoute ce que je te dis !

Je soupirai en m’affalant sur la chaise du bureau. Il n’allait vraiment pas arrêter de me harceler, hein ? À moins que…

Néo dit : Hum… Si je lui demande, tu promets de me lâcher avec ça ? Même s’il refuse ?

Riku dit : Promis juré !

J’espérais juste ne pas perdre un pote avec ces conneries… Je savais qu’il refuserait, mais… S’il le prenait mal, l’ambiance risquait d’être assez tendue dans la période à venir. Seulement, il en allait de ma santé mentale que mes meilleurs amis et mon frère trouvent un autre sujet de discussion que mes affaires de cœur.

J’ignorai la boule de stress qui se formait au creux de mon estomac. Autant faire ça vite.

« Hey, Vanitas, tu veux sortir avec moi ? »

Boum, voilà, bombe lâchée. Je le fixai en tentant d’afficher un air neutre.

Lui releva les yeux de son jeu aussitôt, les sourcils haussés en une expression perplexe. Puis, il me détailla de haut en bas avant qu’un sourire dérangeant ne fleurisse sur ses lèvres et qu’il ne refuse tout net :

« D’accord. »

Hein, quoi ?

« P… Pardon ?! »
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[Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku] Empty
MessageSujet: Re: [Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku]   [Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku] EmptyVen 20 Juil - 12:02

« P… Pardon ? »

Je le fixai, médusé.

« J’ai dit que j’étais d’accord », répéta Vanitas avec un air amusé, confirmant mes craintes.

Merde… Il attendait que je réponde quelque chose, là, en plus. Sauf que je n’étais pas en état de réfléchir. J’en oubliai même de maudire Riku pour ses 60 prochaines réincarnations.

« Mais euh… marmonnai-je. T’es gay ? »

Bizarre. Il n’en donnait pas l’impression. Enfin, d’accord, il ne faut pas se fier aux apparences, mais… ça ne m’était pas venu à l’esprit.

« Ouais.

-Tu… Tu ne me l’avais jamais dit. »

Difficile de placer ce genre de choses dans la conversation, en même temps…

« Toi non plus, ricana-t-il, même si je m’en doutais un peu. Et pour répondre à ta question, c’est logique que je ne le crie pas sur les toits. Si tu m’avais demandé avant, je ne t’aurais pas menti. »

… Logique. Mais il voulait dire quoi par « je m’en doutais un peu » ? Bon, comment je me sortais de ce mauvais pas, maintenant ? Je ne pouvais décidément pas lui dire qu’il s’agissait d’un malentendu. Il allait falloir que je trouve autre chose, alors…

« Je… Bon, eh bien… »

Je restai figé sur ma chaise alors qu’il s’approchait de moi, un sourire carnassier sur les lèvres. Oh, pas bon, ça… pas du tout…

D’un coup, il était beaucoup trop près, son visage à quelques centimètres du mien. Sa main trouva sa place sur ma joue qu’il caressa, effleurement doux et pas franchement désagréable. Mon exclamation de surprise fut étouffée lorsqu’il posa ses lèvres sur les miennes. À ce contact, quelque chose en moi s’agita, que j’apparentai à de la gêne faute de pouvoir mettre un nom dessus. Ce fut bref et chaud. De suite après, il plongea ses yeux dans les miens.

… C’était mon premier baiser, putain !

Il reprit l’assaut bien vite, approfondissant un peu plus le baiser cette fois, forçant l’entrée de ma bouche, sa langue venant flirter avec la mienne. Je crois que j’étouffai un gémissement à un moment de l’histoire. Ce fut confus, à vrai dire. Je n’osai ni répondre, ni reculer. Et il était là, penché sur moi, sa bouche contre la mienne, la chaleur de son corps tout près du mien et je ne savais pas comment réagir. Même si je l’avais su, j’aurais sans doute été incapable de faire quoi que ce soit, de toute façon.

Il se recula enfin pour reprendre son souffle, un sourire satisfait collé sur ses lèvres qui venaient de me… m’embrasser. J’avais chaud sans savoir trop pourquoi et, merde, j’espérai que ça ne se voyait pas.

L’enfoiré me considéra un instant avant de retourner à son jeu comme si rien ne s’était passé. Comme si je ne venais pas de lui demander de sortir avec moi et qu’il ne venait pas de me rouler une pelle.

D’un air absent, je portai une main à mes lèvres et frissonnai sans trop savoir pourquoi. Putain.
Je jetai un œil à l’écran de mon ordinateur. Riku, voyant que je ne répondais pas depuis un moment, m’avait harcelé de messages.

Riku dit : Tu vas le faire, donc ? Hého, t’es là ? Néoooo ? *Riku vous a envoyé un wizz* Tu boudes ou quoi ? Attends, tu es allé lui proposer, là ?! =O

Je regardai la conversation sans trop savoir quoi lui dire. Oh, et puis, tant pis pour lui ! Je ne répondrai pas. J’éteignis l’ordinateur sans même prendre la peine de me déconnecter – je sais, c’est mauvais pour la bête, mais bon. Aussi, je pris le temps d’envoyer un message à Hayner :

« Voilà, à cause de toi et de ma saloperie de frère, je sors avec Vanitas. Content ? ».

J’éteignis mon portable pour ne pas voir la réponse qu’il m’enverrait et me dirigeai vers mon lit. Juste, pas envie de traîner tard, ce soir. Je devrais parler à Vanitas et, franchement, je ne saurais pas quoi lui dire, là.

J’entendis sa voix m’interpeller.

« Tu vas déjà te coucher ?

-Ouais. Fatigué, mentis-je. Je vais peut-être jouer un peu à Pokémon, avant. »

Je me rendis compte que ce n’était pas une si mauvaise idée. Ça me ferait penser à autre chose.
Il eut un haussement de sourcil, mais ne releva pas.

« Ah. Bonne nuit alors.

-Oui… toi aussi. »

C’était très étrange, de le voir agir si naturellement après ce qu'il venait de se passer. Que devais-je en penser, au juste ? Zut, je ne savais plus !

Je me glissai sous ma couette, allumai ma console et commençai à jouer.

J’abandonnai au bout de dix minutes, ne parvenant pas à me concentrer. Pas en étant dans la même pièce que lui. C’était… gênant ?

En soupirant, je finis par éteindre le jeu et me couchai face au mur pour ne pas avoir à faire semblant de dormir si le sommeil ne venait pas – c’est ce qui se produisit.

Plus je faisais d’efforts pour ne pas y repenser, plus la scène semblait prendre un malin plaisir à se rejouer devant mes yeux. Je fixai la tapisserie bleue et moche à quelques centimètres de moi sans la voir, le cœur battant. J’avais embrassé Vanitas. Un mec. Ou plutôt, Vanitas m’avait embrassé. Et je sortais avec lui. Mais comment j’allais me tirer de cette situation ?

Le lendemain, je me réveillai avec l’impression d’avoir trop peu dormi. Je décidai que ce qu’il s’était passé la veille n’était qu’un rêve, juste le fruit de mon imagination. Assez étrangement, je parvins à m’en convaincre, jusqu’à ce que je voie Vanitas sur le lit d’à côté, encore endormi, la bouche légèrement entrouverte.

Je soupirai en me passant une main dans les cheveux. Il fallait que je le réveille, sinon il allait être en retard… D’habitude, il se levait avant moi. Je sortis donc de mes couvertures, notant au passage dans un coin de mon esprit embrumé que je venais de poser le pied gauche à terre en premier. Je n’étais pas spécialement superstitieux, pourtant. La faute d’Hayner, ça… Le jour où il a brisé un miroir, il a passé le reste de la journée enfermé dans sa chambre. Il finissait par déteindre sur moi, le bougre.

Je traversai donc la pièce et me penchai pour réveiller mon colocataire/ami/petit ami.

« Hey, c’est l’heure », chuchotai-je doucement, sachant qu’il pouvait être très désagréable le matin.

Il grogna un peu avant d’ouvrir ses yeux dorés en me fusillant du regard. Il se redressa tant bien que mal dans son lit tandis qu'il me dévisageait à nouveau, d’un air plus doux, cette fois, ce qui me surprit au premier abord. Sans prévenir, il glissa l’une de ses mains derrière ma nuque et m’attira à lui pour m’embrasser. Je me laissai faire.

« Bonjour », chuchota-t-il ensuite contre mes lèvres en souriant légèrement.

Je me redressai en marmonnant quelque chose que je ne compris pas tout à fait moi-même et commençai à me préparer pour aller en cours. Une fois ceci fait, je saluai brièvement Vanitas avant de m’éclipser.

Sur le chemin, je ne cessai de m’interroger sur ce que je devrais faire. Et si je lui expliquais toute l’histoire ? Non. Le connaissant, il le prendrait très mal. Au moins, ça me tirerait de ce mauvais pas mais… Je ne voulais pas le perdre, en fait. C’était con, puisque je ne le connaissais pas depuis si longtemps que ça, mais… Puis, je ne tenais pas à passer le reste de l’année dans une chambre avec quelqu’un qui me détesterait. Mauvais plan, donc.

En voyant l’air ravi d’Hayner lorsque j’arrivais, je me dis tout de suite qu’il ne fallait pas que j’attende une quelconque aide de sa part. Je devrais me débrouiller tout seul, sur ce coup-ci. Et ce n’était même pas ma faute ! Mon meilleur ami s’avança vers moi.

« Alors ? me demanda-t-il. Ça y est, t’as rempli ton objectif ! Content ?

-Oui enfin… Mon objectif à la base, c’était de sortir avec une fille…

-Oh, c’est un détail ! Allez, raconte ! s’enquit-il. J’veux tout savoir !

-Y’a rien à raconter, soupirai-je. C’était bizarre. »

Bizarre, voilà, c’était le mot… Même pas désagréable, juste… étrange.

Il passa la matinée à me demander des détails que je me refusais à lui raconter. En fait, j’aurais été totalement incapable de décrire la scène, même si je l’avais voulu. Je me contentai de lui dire que mon abruti de frère m’avait forcé la main.

Oh, et bien, devinez de qui je reçus un SMS à la pause de midi ? Naminé. Pas grand-chose, un simple : « Toutes mes félicitations. ^^ ». Comment pouvait-elle être au courant ? Maintenant, j’en étais certain : ces trois-là complotaient dans mon dos depuis le début. Ça ne m’étonnerait pas qu’ils se réunissent tous les soirs dans une pièce sombre et secrète pour décider de mon sort et… Stop. Je partais loin, là… Enfin, bizarrement, je trouvais la scène parfaitement plausible.

Je ne tardai pas, d’ailleurs, à recevoir un message de Riku, ce coup-ci : « Je me charge d’informer papa, maman et Hope que tu as trouvé quelqu’un. =P Sans entrer dans les détails, bien sûr… ». Ouh le connard. Hope, c’était notre petit frère de 10 ans. Il n’habitait pas chez nous. En fait, c’était une sorte de génie, un surdoué. Du coup, il était dans un pensionnat spécialisé à l’autre bout du pays la plupart du temps. Cet éloignement avait eu pour effet de le rendre beaucoup plus mature que les autres enfants de son âge. Ça m’étonnait, d’ailleurs, que Riku me parle de lui. On ne pouvait pas beaucoup le joindre, de là où il était. Maman et Papa l’appelaient les week-ends et il revenait pour les vacances, mais c’était tout.

Je lui répondis : « Hope ? Il est à la maison ? » « Ouais. C’est… Compliqué. Il vient d’arriver. T’expliquerais ça ce soir. T’en fais pas, hein, rien de grave. ^^ »

J’haussai un sourcil mais ne répondis pas. S’il le disait, j’imaginais qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter.

Le soir, j’appris que mon cadet venait d’être renvoyé de l’école pour trois semaines. Visiblement, il aurait tenté de fuguer du pensionnat. Il ne voulait pas s’expliquer sur les raisons l’ayant poussé à faire ça et se renfermait dans son mutisme depuis son arrivée. Ça m’étonnait de lui, franchement. Hope était d’un naturel calme, voire totalement passif. Un gosse adorable qui ne ferait pas de mal à une mouche.

Enfin… j’avais d’autres soucis à régler pour le moment.

Les cinq jours suivants s’écoulèrent comme dans un rêve. Un rêve très étrange, mais tout de même. Je ne trouvais toujours pas de solutions pour quitter Vanitas « en douceur ». Hayner me taquinait encore à ce propos, mais moins qu’avant. Il daignait me parler d’autre chose, c’était déjà ça.

Quant à Vanitas… Eh bien, comme je l’ai dit, c’était perturbant… Il se comportait exactement de la même façon qu’auparavant envers moi… à quelques détails près. Il lui arrivait souvent de m’embrasser ou de me prendre dans ses bras sans prévenir. Je commençais à m’y habituer, d’ailleurs, et je répondais parfois à ses étreintes et à ses baisers – juste pour ne pas le faire douter quant à ma sincérité, hein ! Par contre, je n’arrivais toujours pas à me faire à son regard, que je surprenais parfois. Parfois, ses iris dorés se posaient sur moi de manière… insistante, presque affectueuse. Ça me déstabilisait complètement, n’étant pas habitué à une telle attention de sa part. Quelques jours auparavant, je ne l’aurais même pas cru capable d’arborer une telle expression.

Nos discussions nocturnes, aussi, se faisaient soit dans son lit, soit dans le mien. Sans qu’il ne se passe rien, bien sûr. Une fois, une seule, il m’est arrivé de m’endormir dans ses bras. Je me suis réveillé au milieu de la nuit et suis retourné sur mon propre lit. Je m’attendais à ce qu’il me fasse une remarque le matin venu, mais il n’a rien dit. J’imagine qu’il devait plus ou moins sentir que son contact me gênait et il n’insistait donc pas outre mesure. Ça me surprenait venant de lui, d’ailleurs. Je l’aurais pensé plus… brusque, à vrai dire.

Enfin, je m’interrogeais encore sur cette situation. Je ressentais une légère pointe de remords, en fait. Il n’y avait pas de solution miracle. Je savais que je devrais lui dire qu’on m’avait plus ou moins forcé à lui demander de sortir avec moi. Plus que tout, il fallait que je le fasse rapidement, pour éviter au maximum les dégâts. Seulement… je n’en avais pas le courage. Je retardais l’échéance en me disant qu’il devait y avoir un moyen de le lui expliquer sans qu’il le prenne mal, bien que je sache qu’au fond, cela relevait de l’impossible.

Ce fut dans cet état d’esprit que je rentrai dans la chambre ce soir-là, pour la trouver vide. Tiens ? Il devait avoir été prendre sa douche un peu plus tôt que d’habitude…

En voyant sa PSP gisant à l’abandon sur son lit, un sourire se forma sur mes lèvres. Je venais de finir Pokémon Crystal la veille et, à vrai dire, Dissidia me manquait… Je retrouvai le boîtier au fond de mon sac et pris le cd pour le mettre dans la console. Une fois ceci fait, je m’allongeai sur le lit de Vanitas, tête en bas et pied sur l’oreiller avant de commencer à jouer. Merde, hein ! J’étais son mec, alors j’avais le droit de lui emprunter ses affaires, non ? Tant qu’à faire, autant prendre avantage de la situation.

Au bout de quelques minutes, j’entendis la porte s’ouvrir et glissai un regard vers Vanitas… avant de détourner prestement les yeux. Il se baladait encore en serviette de bain. Ça faisait longtemps, d’ailleurs, qu’il ne l’avait plus fait. Je commençais à croire qu’il avait renoncé à « oublier » ses affaires propres dans la chambre, mais non, même pas. Je l’entendis ricaner à ma réaction mais m’obstinai à fixer l’écran de la console.

Il vint s’asseoir au pied du lit, juste derrière moi et me dévisagea de haut. Là, je ne pouvais plus ignorer son air amusé. Ses cheveux d’encre encore mouillés retombaient devant ses yeux.
« Ça te dérange pas de te balader à moitié à poil dans les couloirs ? débitai-je à toute vitesse en tentant d’ignorer mon cœur battant à toute vitesse.

-Nan… Y’a pratiquement personne à cette heure-ci de toute façon, répliqua-t-il. Pourquoi, ça te gêne, hm ?

-N… Non. »

J’essayai d’ignorer ses remarques en me concentrant sur mon jeu, mais c’était impossible. Je venais de perdre un combat. Bordel, pourquoi est-ce que ça me dérangeait autant de le voir presque nu ?

Il écarta doucement quelques mèches de mon front, un léger sourire ancré sur ses lèvres. Je tentai de ne pas y prêter attention. Il finit par s’éloigner, se dirigeant vers le placard. Je me demandai vaguement s’il faisait exprès d’adopter une démarche aussi troublante. Ce serait bien son genre, tiens. Sa serviette ondulait à chacun de ses pas comme si elle allait tomber d’un instant à l’autre. La seule chose qui la faisait tenir en place était la légère cambrure de son dos fin.

Me rendant compte que je l’observais avec insistance, je me tournai du côté du mur. Et encore heureux, puisque la seconde d’après, j’entendis un léger bruit de tissu, signe que son seul « vêtement » venait de tomber au sol. Eh merde, mais ce type n’avait vraiment aucune pudeur ou quoi ? Ou alors, il faisait exprès pour m’agacer. Eh bien, ça marchait et, zut, pourquoi je me sentais si bizarre rien qu’à l’idée qu’il était en train de s’habiller, juste derrière moi ? J’avais déjà vu d’autres mecs nus et ça ne m’avait jamais dérangé outre mesure.

Il fallait dire que le contexte n’aidait pas, aussi. J’étais censé sortir avec lui. Forcément, ça mettait tout de suite un peu plus mal à l’aise qu’en temps normal. Mais… à ce point ?

« Eh mais au fait… D’où tu me voles ma PSP, toi ?

-Je te la vole pas, répliquai-je en me tournant vers lui qui s’était enfin habillé, je l’emprunte. »
Il eut un regard suspicieux avant de laisser tomber.

« Mouais… fais ce que tu veux. »

Victoire ! C’était déjà ça de gagné.

Au fil des jours qui suivirent, je commençai à me dire que la situation n’était pas si affreuse que ça. Dans le fond, notre relation était restée à peu près la même. Mis à part les contacts physiques, on ne faisait pas grand-chose qui puisse nous apparenter à un couple – en tout cas, à ces espèces de couples mièvres qu’on voyait partout à la télé, dans les pubs et dans la rue, qui se baladaient main dans la main avec de petits cœurs roses flottants en fond – et tant mieux. Puis, il était beaucoup plus gentil depuis qu’on sortait ensemble. Preuve, il me laissait jouer à sa PSP. Joie.

Néanmoins, une petite voix dans ma tête me soufflait parfois que je jouais avec le feu en agissant ainsi. Il finirait par l’apprendre mais à présent, autant retarder le plus possible ce moment – c’était trop tard pour revenir en arrière, alors quitte à foncer droit dans le mur... Voilà pourquoi, malgré toutes les insistances d’Hayner à ce sujet, je ne tenais pas à les faire se rencontrer. Connaissant mon meilleur ami, il pourrait lâcher une bourde plus grosse que lui. D’ailleurs, il commençait à me menacer de passer par ma chambre à l’improviste, un de ces jours. Il en serait capable. Le fourbe.

En revanche, un autre problème se présenta rapidement : Vanitas se faisait de plus en plus insistant. Physiquement, je veux dire. Pour l’instant, il ne dépassait pas les limites, mais ça ne saurait tarder. C’était problématique. Enfin, à la limite, s’il allait vraiment trop loin je pourrais gentiment le remettre à sa place.

Entre temps, j’avais aussi appris pourquoi Hope avait tenté de s’enfuir de son pensionnat. Comme d’habitude, il se faisait embêter par des plus grands que lui. Ça ne m’étonnait presque pas. Il avait toujours été un peu faible de caractère, mais de là à en arriver à des extrêmes pareils… Je devrais rentrer un week-end pour le voir (et accessoirement pour me venger de Riku) mais Hayner me faisait du chantage. Si je ne lui présentais pas Vanitas, il ne me conduirait nulle part. J’avais des amis géniaux, vraiment...

En parlant d’Hayner, tiens. Décidément, il craquait vraiment pour Olette, ça se voyait. Seulement, il niait tout en bloc. Du coup, je faisais des sous-entendus en présence de la demoiselle. Il avait horreur de ça et je prenais un malin plaisir à le voir me fusiller du regard. Bien fait pour lui. D’ailleurs, je ne savais pas où il en était de sa relation avec son colocataire, Seifer. Quand je lui en parlais, il détournait rapidement le sujet. Étrange, mais je n’insistais pas plus que ça. Si je voyais que ça ne s’arrangeait pas, peut-être que je forcerais à me dire ce qui le tracassait, mais il paraissait bien se porter la plupart du temps. C’était son problème, de toute façon, pas le mien. Eh oui, contrairement à certains, j’évitais de me mêler de ce qui ne me regardait pas ! Je ne peux pas dire qu’on me le rendait bien, par contre…

Les vacances de Noël approchaient. Dans une semaine, presque jour pour jour. Je ne savais toujours pas si je rentrais ou non. D’un côté, ça me laisserait du temps pour réfléchir à ce que j’allais faire avec Vanitas. De l’autre…

« Tu fais quoi, toi ? lui demandai-je un samedi après-midi où je m’ennuyais ferme. Pour les vacances, je veux dire. Tu rentres chez toi ? »

Il avait accaparé mon ordinateur pour regarder un épisode de Torchwood (d’ailleurs, je comprenais à présent pourquoi il aimait cette série : le personnage principal était bisexuel. En fait, depuis que j’avais appris qu’il était gay, plusieurs détails dans ses préférences et sa personnalité faisaient soudain sens dans mon esprit… comme quoi, j’aurais pu m’en douter plus tôt. Bref) et moi… je ne faisais rien. Oui, il y avait des jours, comme ça, où je n’avais pas envie de jouer à la console (il fallait que j’entraîne mes personnages en fait et… la flemme). Je me trouvais donc allongé dans mon lit à regarder le plafond depuis un bon quart d’heure, mes pensées divaguant çà et là pour finalement arriver à ce sujet délicat des vacances.

Vanitas se tourna vers moi en enlevant ses écouteurs, perplexe.

« Non, je ne pense pas. Pas envie de voir mes parents.

-Tu vas te retrouver seul, non ? questionnai-je.

-Tu retournes chez toi ?

-Je ne sais pas encore, soupirai-je en le regardant – parce que mine de rien il était un peu plus intéressant que le plafond. J’ai pas envie de voir mon grand-frère, mais le petit est de retour et je ne vois pas souvent.

-Tu m’abandonnerais ? plaisanta-t-il. Je suis outré ! »

Allez savoir pourquoi, ça ne me fit pas rire.

« Je ne sais pas, Vani… » répétai-je.

Il y eut un moment de silence. Puis :

« Comment tu viens de m’appeler ? »

Oups. C’était sorti tout seul. Vu son air, cette fois-ci franchement ahuri, ça ne lui plaisait pas. Je sentis un sourire naître sur mes lèvres sans pouvoir m’en empêcher. Ce n’était peut-être pas une bonne idée, mais…

« Vani ! T’aimes pas ? Je trouve ça mignon, moi… »

Oh, la réaction ne se fit pas attendre. En un instant, il se trouva au-dessus de moi, les sourcils froncés, manifestement vexé. À cette vue, je ne pus étouffer complètement le rire qui me prit. Pas forcément la meilleur réaction à avoir…

« Arrête, m’ordonna-t-il.

-Ah, désolé, mais tu verrais ta tête… Vani.

-Tsss… Tu l’auras voulu.

-De qu… ? »

Je ne finis jamais ma phrase, parce qu’il me fit taire en posant sa bouche contre la mienne sans douceur. Bon, je l’avais cherché. Par contre, je ne comprenais pas sa logique…

« Eh bien… fis-je une fois qu’il se fut décollé, son visage restant tout de même à quelques centimètres du mien. Tu m’embrasses quand je dis des conneries ? Depuis quand c’est une punition ? »

… Visiblement, je venais encore de parler trop vite, puisque ce fut à son tour d’afficher un sourire idiot. Eh merde, pensai-je lorsqu’il reprit ma bouche d’assaut, approfondissant le baiser. Sa langue vint taquiner l’entrée de mes lèvres, que je lui accordais par habitude. Je notai en rougissant légèrement que c’était la première fois que l’on se retrouvait dans une situation si… compromettante. Lui sur moi, à califourchon.

Lorsqu’il me libéra et posa son front contre le mien, je considérai son regard embrumé un moment. Cette expression-là, c’était la première fois que je la voyais… L’atmosphère venait de changer d’un seul coup. Je me rendis compte du même coup de la bouffée de chaleur qui m’envahissait peu à peu – anormale, en cette saison – et je savais que je devrais faire quelque chose pour tenter de me dégager de son étreinte et pourtant je ne faisais rien et je ne savais plus et j’avais peur. Du moins, c’est ce à quoi ressemblait le plus cette chose qui s’agitait comme un serpent au creux de mon estomac.

Il eut tôt fait de m’embrasser à nouveau, plus violemment cette fois, pressant davantage son corps contre le mien. Une de ses jambes prit place entre les miennes. Je n’aurais pu retenir un gémissement si ma bouche n’était pas occupée à autre chose. J’étais parfaitement conscient de ce qui allait se passer si ça continuait. Je le savais et pourtant je me laissais faire.

Il quitta mes lèvres – non sans les avoir mordues au passage – et traça son chemin le long de ma joue, mon cou, ma clavicule… Ma main trouva d’instinct une place au creux de sa chute de rein pendant qu’une plainte légère s’élevait de ma gorge.

Vanitas se détacha de quelques centimètres, juste assez pour pouvoir glisser sa main sous mon t-shirt. Il ne passa que le bout des doigts, lentement, comme pour me laisser le temps de l’interrompre ou de changer d’avis si je le souhaitais.

Je ne prêtai pas de suite attention au bruit de la porte qui s’ouvrait, ne me décidant à me retourner vers l’intrus que lorsque mon petit ami releva les yeux vers lui.
En le reconnaissant, mon sang se figea dans mes veines. Je pris conscience de la situation dans laquelle je me trouvais.

Et, dans l’entrée, Hayner qui me fixait comme s’il allait s’évanouir dans la seconde.

« Néo ? Je, euh… Pardon du dérangement ! »

Il s’empressa de claquer la porte et de s’enfuir, laissant un silence tendu derrière lui. Une tornade venait de passer. Super…

Je reportai mon regard sur Vanitas.

« C’était qui, ce type ? demanda-t-il de but en blanc.

-Ça, c’est Hayner, soupirai-je. Mon… meilleur ami.

-Je l’aime pas », renifla-t-il d’office.

Sûr que, comme première impression, on fait mieux…

Je me souvins alors de notre position et de ce qu’on allait.. de ce qu’on aurait fait. Brusquement, la raison revint au galop dans mon esprit. Mais qu’est-ce qui me prenait ? Je déconnais complètement !

« Je... marmonnai-je, gêné. On va s’arrêter là, je crois… »

Il hocha la tête en s’écartant, tentant un sourire.

« Ouais, ça a un peu… hm, cassé l’ambiance. »

Je le regardai s’éloigner en direction du bureau, reprenant son épisode comme si de rien n'était, puis m’assis sur mon lit, frissonnant. J’avais froid, tout à coup.

Et surtout, un putain de doute, une putain d’angoisse en tête.

On allait vraiment le faire et, pendant ce laps de temps, je n’y avais vu aucun inconvénient. Au contraire, je l’aurais laissé continuer… Je l’aurais laissé continuer !

Ça, c’était relativement inquiétant.

Le lendemain, je n’eus pas de nouvelles d’Hayner. D’habitude, même le week-end, il lui arrivait de m’envoyer un ou deux messages. Enfin, d’un côté, tant mieux. Je ne voulais pas lui parler, bien qu’il m’ait sans aucun doute empêché de faire une énorme connerie.

Le lundi, je me réveillai bien avant l’heure. Aux alentours de trois heures du matin. Un faible rayon de lumière traversait la pièce, venant s’échouer sur le sol. Je n’arriverais pas à me rendormir. De toute façon, une question me trottait dans la tête, trop insistante pour me laisser me reposer ne serait-ce qu’un instant.

Est-ce que j’étais gay ?

Je me repassai tous les souvenirs de ma vie qui me revenaient en mémoire, cherchant un indice me permettant de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Maintenant que j’y pensais, je n’avais jamais réellement éprouvé beaucoup d’attirance pour les filles, même celles que je considérais comme jolies. Il m’arrivait aussi d’observer certains mecs, mais toujours innocemment… ou du moins, je le pensais.

Puis, venait la chose que, contrairement à la plupart des adolescents mâles, je n’avais jamais aimée : les films pornographiques. Ça avait grandement étonné Hayner le jour où il avait fouillé dans mon pc, d’ailleurs. Oh, bien sûr, j’en avais déjà vu… lorsque j’avais douze ans, pour faire comme les autres. J’avais fini par les supprimer, lassé d’en regarder juste comme ça, pour suivre la masse. Peut-être que ça ne plaisait pas justement parce que je n’aimais pas les femmes ?

C’était trop confus pour que je puisse tirer une réponse claire à mes questions. Tout s’embrouillait, et au fond, je ne pouvais être sûr de rien.

La seule chose dont je pouvais à peu près être certain, c’était que j’avais failli coucher avec Vanitas. De mon plein gré. J’aurais pu le stopper, il m’en avait laissé le temps. Si j’avais aimé qu’il me touche ? Certainement, oui. Est-ce que ça signifiait pour autant que je me sentais attiré par lui ? Ça… j’aurais apprécié pouvoir prétendre que non.

À bien y repenser, je n’avais jamais été dégoûté lorsqu’il me touchait ou m’embrassait. Embarrassé, gêné, confus, oui. Répugné, non, jamais.

Sauf que non, bien sûr que non, je n’aimais pas les hommes ! Ou peut-être si, finalement ? Oh, quelle galère !

Je tournai et retournai des pensées parfois vides de sens dans ma tête jusqu’à en avoir la migraine, pendant des heures, jusqu’à ce qu’il soit temps de me lever.

Je me préparai en silence en faisant à peine attention à ce que me disait Vanitas, bien trop soucieux pour me concentrer sur quoi que ce soit, à vrai dire.

En sortant de la chambre, je me rappelai qu’il allait falloir que j’affronte Hayner et grimaçai. Merde… J’imaginais déjà la scène. Plutôt embarrassant.

Et effectivement, ça ne loupa pas. Néanmoins, il ne réagit pas de la manière à laquelle je m’attendais…

Je m’avançai vers lui, prenant la parole en premier, pas tout à fait certain de ce que j’allais dire :

« Euh… Écoute, pour samedi… C’est pas ce que tu cr… »

Je m’interrompis. Bien sûr que si, c’était ce qu’il pensait ! Dingue, que ce soit la seule excuse qui me vienne à l’esprit. La plus utilisée et celle que personne ne croit jamais…

« Non, Néo, je… »

Il soupira, avant de me regarder avec une sorte de… compassion, pitié ? Quelque chose dans ce goût-là. Bizarre…

« Tu sais, reprit-il. Ne te force pas à faire des choses dont tu n’as pas envie…

-Quoi ? Hayner, je…

-On t’a beaucoup trop pris la tête avec ça et j’en suis désolé. Il faut pas te forcer à cause de nous. Si ça va trop loin…

-Mais non ! » le coupai-je.

Cette fois-ci, je pus lire de l’étonnement dans ses yeux.

« Je veux dire… m’expliquai-je. C’est vrai que vous m’avez pas mal forcé la main, mais, sérieusement, tout va bien, pas la peine de te tracasser avec ça. »

Mon meilleur ami ne parut pas convaincu par mes propos. Bon, il était vrai que moi-même je doutais que tout aille bien… Seulement, c’était à moi de régler ça, désormais, même si je ne savais pas encore comment ni quand.

« Il t’a forcé à le faire, c’est ça ? » questionna-t-il doucement.

… Il ne me croyait pas capable de me défendre dans ce genre de cas, sincèrement ? Pour qui me prenait-il, au juste ?

« Mais non ! Vanitas ne m’obligerait pas à quoi que ce soit, je t’assure.

-Si tu avais un problème, tu m’en parlerais, hein ?

-Bien sûr. Mais ce n’est pas le cas. »

La discussion se finit de cette manière. Hayner ne trouva rien à redire à ce sujet, même s’il paraissait douter encore.

Contrairement à mes habitudes, je n’écoutai pas un traître mot en cours ce jour-là. Cette histoire commençait réellement à me bouffer. Le pire, c’était que je ne pouvais m’empêcher d’observer certains garçons qui passaient près de moi et de me demander s’ils pourraient me plaire. Pour la plupart, je décrétai directement que non, mais pour certains il m’arrivait de douter… et c’était alarmant. Vraiment.

En sortant de mon dernier cours ce soir-là, je fis un monstrueux détour pour retarder le moment où il me faudrait rentrer. Je n’avais pas du tout envie de me retrouver seul face à Vanitas et à ce que j’éprouvais – peut-être – pour lui. À un moment donné, néanmoins, il fallut bien que je me résigne à revenir dans ma chambre.

Lorsque j’ouvris la porte, la scène que j’y vis me figea sur place. Je ne pus m’empêcher de penser que cela n’annonçait rien de bon. Du. Tout.

Debout au centre de la pièce, Hayner s’entretenait avec Vanitas. Dès que je fus entré, deux paires d’yeux se tournèrent vers moi. Je tentai de conserver un air stoïque alors que mon meilleur ami s’approchait de moi un sourire bienveillant collé sur les lèvres et – oh, non, ce n’était pas possible, il n’avait pas fait ça ! – sortis de la pièce sans un mot.

Je levai les yeux vers mon colocataire, appréhendant ce que je trouverais dans les siens. Je frissonnai en constatant que ses iris s’étaient comme figés, son expression devenant froide comme la glace.

« Ton pote m’a tout raconté », déclara-t-il au bout d’un moment que je ne saurais qualifier de court ou de long.

Je baissai les yeux au sol à l’entente de son ton dur. Putain, je le savais, que j’aurais dû tout lui dire avant !

« Ah…, fut la seule chose que je parvins à sortir.

-C’est vrai ? Que tu m’as demandé à ce qu’on soit ensemble parce qu’il te saoulait avec ça ?

-Oui. »

Autant ne plus mentir, à présent. Pas la peine de poser la question, je me doutais que cette discussion mettrait fin à notre relation, que ce soit en amour ou en amitié. Et ça faisait plus mal que ce à quoi je me serais attendu, sans trop que sache pourquoi, encore une fois – quoique, je commençais à me douter un peu de ce qui clochait…

« Je sors », lâcha-t-il avant de se diriger vers la porte.

Lorsqu’il arriva à ma hauteur, je lui attrapai le poignet. Il fallait que je le retienne. Pour lui dire quoi, ça je ne savais pas.

« Attends ! »

Il m’envoya un regard noir avant de se dégager prestement.

« C’est bon, Néo, cracha-t-il presque. T’en as assez fait, tu n’crois pas ? »

Et il me laissa seul dans la pièce trop vide, avec la désagréable impression de n’être qu’un moins que rien lâche et égoïste.

Je fis quelques pas et me laissai tomber dans mon lit en soupirant, la tête entre les mains. Je ne comprenais plus rien à ce qu’il m’arrivait, en ce moment. C’était stupide. Vie de merde.

Je décidai de sortir mes feuilles de cours et de réviser un peu, histoire de me changer les idées. Je divaguai souvent et dus parfois me mettre des claques mentales – et physiques, des fois – pour ne pas songer à Vanitas et à son regard froid lorsqu’il avait quitté la pièce. J’aurais préféré qu’il me gueule dessus, tiens. Ou pas… Aucune idée, en fait.

Il rentra tard, ce soir-là, m’accorda à peine un regard avant d’aller se coucher.

« T’étais où ? sortis-je.

-Pas tes affaires. »

Je ne répliquai pas. Lui dire que j’étais désolé n’aurait rien arrangé. Quoi, alors ? Que je n’avais pas voulu le blesser ? Trop tard. Que, peut-être, hypothétiquement, j’étais attiré par lui, mais que je n’étais sûr de rien ? Non, surtout pas !

Il passa la dernière semaine de cours à m’ignorer royalement, partant de la chambre avant moi le matin et revenant de plus en plus tard le soir. Ça commençait à m’inquiéter, d’ailleurs. Où pouvait-il bien traîner à minuit passé ? C’était exclu de lui demander, puisqu’il se braquait dès que je prononçais un mot. Mince alors, pour qu’il réagisse si violemment, je devais vraiment l’avoir blessé…

Ce fut avec joie que j’accueillis les vacances, au final. Ça me ferait du bien, de changer d’air, de quitter cette atmosphère étouffante pour – je l’espérais – m’amuser un peu. Ne plus penser à Vanitas, ni à mon orientation sexuelle toujours floue.

J’avais tiré la tronche à Hayner deux ou trois jours avant de finalement lui pardonner. Il ne comprenait pas ce qu’il avait fait de mal et, au fond, il pensait me rendre service. Je ne pouvais m’empêcher d’éprouver encore une pointe de rancune à son égard, mais en y repensant il n’avait fait qu’accélérer l’inévitable. Il fallait bien que ça se sache à un moment donné.

Je fus heureux de rentrer chez moi, de revoir mes parents et mes frères après tout ce temps. Je m’abstins de dire à Riku que j’avais rompu avec Vanitas – pas envie d’expliquer – et dès le premier jour il ne manqua pas de me taquiner à ce sujet.

D’ailleurs, à cause de cet abruti, papa et maman aussi s’y mettaient, me demandant des détails sur ma « copine ». Et c’était d’autant plus difficile quand je me disais que, peut-être, je ne leur présenterais jamais de petite amie, parce que je n’en aurais pas, parce que je préférais les ho – Stop. Je n’étais encore sûr de rien.

De toute façon, même si j’avouais être gay, ils ne le prendraient pas mal, si ? J’avais toujours été élevé dans une famille assez tolérante et ouverte d’esprit, mais il y avait un gouffre entre accepter que des inconnus – ou même des connaissances, des amis – soient homosexuels et tolérer la même chose chez ses propres enfants… J’avais déjà lu des témoignages de personnes dont le coming-out s’était très mal passé alors qu’ils pensaient que leurs parents accepteraient tout à fait.

Je vous dis pas l’ambiance, durant le premier repas en famille, je passai près de la crise d’angoisse. Riku n’arrangeait rien en me lançant des regards amusés de temps à autre. Espèce de sadique. Bien entendu, je n’en laissai rien paraître.

Je revis Naminé, aussi. Nous sommes allés en ville faire nos achats de Noël. Bien sûr la première question qu’elle me posa en me voyant fut :

« Alors, comment ça se passe, avec ton copain ? »

Le tout avec son sourire adorablement innocent. Je soupirai. Un monstre déguisé en ange, vous dis-je…

« Pas bien… » grimaçai-je.

Au moins, ça eut l’effet de la calmer. Son regard se fit plus inquiet.

« Tu veux en parler ? »

La question me fit sourire doucement. Voilà ce que j’aimais chez Naminé, elle se montrait compréhensive face aux problèmes des autres et n’insisterait pas si je lui disais que je préférais garder ça pour moi. J’avais beau la traiter de folle à longueur de journée, c’est une fille plutôt posée la plupart du temps. Juste, sa personnalité yaoïste m’effrayait un peu.

« C’est compliqué, à vrai dire, avouai-je alors que l’on commençait à déambuler dans les rues pleines de monde. Disons qu’on est… plus ou moins en froid. J’ai fait une connerie et il a pas apprécié. Je sais bien que c’est de ma faute, mais m’excuser n’arrangerait rien et je ne vois pas ce que je peux faire d’autre… »

Elle réfléchit un moment avant de me sourire.

« Je pense que tu te trompes, objecta-t-elle. Parfois, une excuse sincère peut tout arranger même si ça paraît trop facile. Il faut juste que tu lui fasses comprendre que tu regrettes. »

Mais est-ce que je regrettais ? De l’avoir fait souffrir, ça, oui, mais d’un autre côté…

« Ce n’est pas si simple que ça, Nami…

-Tu devrais tout de même tenter. De toute façon, tu n’as rien à perdre, pas vrai ? »

Hum… pas faux. Je ne pouvais pas tomber beaucoup plus bas, de toute façon. Seulement…
Seulement, je lui dirais quoi, hein ? Que je voulais qu’on reste amis ou… autre chose ? S’il daignait m’écouter sans me cracher des insultes à la gueule, bien sûr.

Enfin… Je devais vite me décider. Il fallait vraiment que je fasse quelque chose pour tenter d’arranger la situation, dès que je rentrerais au campus.

« Nami ?

-Oui ?

-Merci. »

Pour toute réponse, ma meilleure amie me renvoya un sourire radieux.

Nous passâmes un après-midi tranquille, à parler de tout et de rien. Pour la première fois depuis plusieurs jours, j’en oubliai mes problèmes et ça me faisait du bien. Je devrais sortir plus souvent, en fin de compte.

Le soir venu, nous nous séparâmes après une brève étreinte amicale et je rentrai chez moi, la tête vide de toutes ces pensées trop encombrantes qui m’assaillaient ces derniers temps. Oh, je savais qu’elles reviendraient, qu’il allait falloir que je fasse le tri dans mes sentiments, mais pas pour le moment, oh non.

Lorsque j’ouvris la porte, j’entendis des éclats de voix provenant de la cuisine. Ma mère criait des paroles que je ne compris pas avant de me rapprocher.

« Laisse-le tranquille, le pauvre… tenta de la calmer Riku.

-Mais c’est n’importe quoi ! Changer d’école, avec ce qu’il pourrait faire en y restant ! »

J’entrai dans la pièce pour voir Hope en pleurs dans les bras de mon aîné. Celui-ci m’envoya une grimace en guise de salutation, signe que la situation n’était pas au beau fixe. Ma mère ne se préoccupa carrément pas de moi.

« De toute façon, poursuivit-elle en fixant Hope, tu retourneras en pensionnat que tu le veuilles ou non !

-J-Je… veux pas y aller… » reniflait-il dans la chemise de Riku, qui tentait de le calmer.

Je compris vite la situation. Bien sûr, s’il y retournait, les autres enfants ne manqueraient pas de recommencer à l’embêter. Seulement… S’il changeait pour une école normale, ne serait-ce pas pire ? Il était bien trop mature pour se mêler à des enfants « normaux » de son âge. Ce n’était pas nécessairement une qualité de grandir trop vite. Il se sentirait encore plus à l’écart.

« Un caprice, à ton âge ! Tu sais combien on a payé, au moins, pour que tu intègres cette école ? Et puis, ce serait du gâchis de ne pas développer tes capacités ! Tu verras, tu m’en remercieras plus tard !

-Maman a raison, intervins-je en venant me placer près de lui. Tu dois y retourner. »

Les sanglots reprirent de plus belle. Riku m’envoya un regard noir.

« Bravo, Néo. C’est malin…

-Je ne dis pas ça pour te forcer à quoi que ce soit, poursuivis-je en l’ignorant, mais… Tu sais, ce sera bien pire dans une école normale. »

Hope releva la tête pour me fixer avec un mélange de curiosité et de crainte. Comment expliquer ça à un enfant de 10 ans ? Oh, et puis, autant le lui dire comme si je m’adressais à un adulte. Il comprendrait certainement.

« Écoute, je ne sais pas pourquoi les gosses de là-bas te font ça, mais sache que ce sera bien pire en école publique. Les enfants sont cruels avec les autres, c’est le cas partout, mais là ce sera pire. Tu seras considéré comme différent, et les gens ont peur de la différence, tu comprends ? »

En parlant, je me rendis compte que c’était affreusement vrai, à tout âge, et pour tout type de particularités… Je tentai de faire taire l’espèce d’angoisse qui m’envahissait. Ce n’était pas le moment de penser à mes propres soucis !

Il hocha doucement la tête.

« Quant aux autres, continuai-je, eh bien… Je sais que ça peut paraître difficile, mais apprends à te défendre. Ne leur fais pas le plaisir de leur donner raison. Ça va prendre du temps, mais ils finiront par te laisser tranquille. »

Il me fixa un moment, puis balbutia :

« Je suis pas sûr d’en être capable… »

Moi non plus, honnêtement.

« Essaye, l’encourageai-je. Si tu n’affrontes pas tes peurs, tu le regretteras toute ta vie. »

Il y eut un court silence, puis un nouveau hochement de tête.

« Je… Je vais essayer. »

Je lui fis un bref sourire, lui ébouriffai les cheveux et partis alors que ma mère me remerciait et continuait son baratin.

Au fur et à mesure que je montai les escaliers, mes doutes revinrent s’insinuer dans mon esprit.
Tout ce que je venais de sortir à Hope, sur les différences, le fait d’affronter ses problèmes… Tout ce qui me rongeait depuis un bon moment désormais. L’ironie de la chose faillit me faire rire. Je n’étais même pas capable d’appliquer mes propres conseils !

Une fois la porte de ma chambre claquée, je m’allongeai sur mon lit en soupirant. Qu’est-ce que je pouvais faire ? Et puis, toujours la même question. La réponse consistait pourtant en un mot : soit oui, soit non, mais… est-ce que j’étais gay, à la fin ?

Si la réponse était positive, qu’allais-je faire ? Enfin… L’idée en soi ne me posait pas de problème, juste… Il me fallait un moment pour remettre mes idées en place. Au fond, oui, ce n’était pas… grave. Non, au contraire.

Et Vanitas ? Me pardonnerait-il, au moins ? Je jetai un coup d’œil à mon portable en soupirant. Je n’avais même pas pris la peine de lui demander son numéro ! J’aurais peut-être pu lui envoyer un message pour m’excuser… Vu qu’il ne voulait pas me parler en face, il serait au moins obligé de lire ce que je souhaitais lui dire. Quoique, pas sûr qu’il l’ouvre, le message…
Il me manquait. Ça aussi, ça me perturbait. Cela voudrait dire que ça allait au-delà de l’attirance physique.

Après… il y avait l’autre question, qui concernait le regard des autres. Est-ce que je pourrais l’affronter ?

La porte s’ouvrit en grand, me faisant sursauter.

« Jamais tu frappes, avant d’entrer ? grognai-je à Riku qui prenait place sur ma chaise de bureau et se tournait vers moi.

-Sympa, ton petit discours de tout à l’heure, me lança-t-il en se passant une main dans les cheveux. Tu le pensais ?

-Quoi ?

-Ce que tu as dit à Hope.

-Je ne sais pas… »

Oh, il s’agissait de belles paroles, bien sûr, mais en pratique, c’était plus compliqué que ça. Beaucoup plus compliqué.

« Riku ? demandai-je doucement.

-Hm ?

-J’crois que j’suis amoureux. »

Il haussa un sourcil, me fixant quelques secondes avant de lâcher d’une voix tendue :

« De Vanitas ? »

Visiblement, l’idée ne parut pas l’enchanter. Eh, c’était lui qui m’avait poussé dans ses bras !

« Ouais, répondis-je.

-T’es sûr ? Je veux dire…

-Quoi ? le coupai-je plus agressivement que je ne l’aurais cru. Ne viens pas me dire que c’est bizarre. C’est ta faute de toute façon ! »

Quoique, pas vraiment en fait. Si je n’avais pas été contraint de sortir avec mon colocataire, je n’en aurais pas pris conscience de suite, mais… Si j’étais réellement homo, alors tôt ou tard j’aurais fini par m’en rendre compte. Non ?

« Euh, désolé, pour ça, au fait, marmonna-t-il en regardant ailleurs.

-T’excuse pas. C’est peut-être une bonne chose, dans le fond. »

Enfin… Si Vanitas me pardonnait au bout du compte. Ce dont je doutais sincèrement.

« Alors, t’es gay, du coup ?

-Je sais pas, Riku ! fis-je en me passant une main sur le visage. Franchement, j’en sais rien. Ça me perturbe trop et putain, j’sais plus où j’en suis ! »

Et voilà, je craquais. Je n’en pouvais plus. Devant Riku, en plus. Il allait se foutre de moi, c’était certain. J’avais l’habitude, mais là, non, c’était pas le moment… Un nœud d’angoisse se formait déjà dans ma gorge. Le constat que j’attendais depuis tout ce temps tomba alors comme une vérité implacable.

Eh merde, finalement, j’aimais vraiment les hommes. Et peut-être que j’étais amoureux de Vanitas. Peut-être qu’il ne voudrait plus jamais m’adresser la parole. Peut-être que…

« Hey, c’est pas grave, tu sais. »

Je me tournai vers Riku, surpris.

« Je veux dire… Même si tu l’étais, et alors ? Ça ne regarde que toi. Personne ne peut te blâmer pour ça. »

Ses paroles me rassurèrent un peu. Il n’avait pas tort, mais…

« Pourtant, y’en a qui seraient prêts à m’en blâmer, justement.

-Tu les emmerdes, déclara-t-il du tac au tac. Personne n’a à décider de ta vie à ta place. Bon, je sais, ça contraste vachement avec mon comportement de ces derniers temps, mais… je suis désolé. Franchement, fais ce que tu veux de ta vie. »

Un poids s’envolait à l’écoute de ses paroles. Je me sentais mieux, un peu. C’était rare qu’il agisse en grand frère protecteur, comme ça. Et il avait raison.

« Je… merci, soufflai-je.

-De rien, c’est normal », sourit-il.

Le reste des vacances se passa relativement calmement, mis à part un petit accroc au réveillon de Noël. On était en grand comité, avec plusieurs de mes oncles, tantes, cousins. Et bien sûr, l’alcool aidant, ils se mirent à dériver sur divers sujets de conversations. Je n’écoutais qu’à moitié, jusqu’à ce que j’entende ma tante déclarer haut et fort :

« Si un jour un de mes fils me dit qu’il est homo, je le fous dehors !

-Merci maman… grimaça mon cousin Kadaj.

-Tu l’es pas, de toute façon ?

-Non ! s’empressa-t-il de s’exclamer. Encore heureux… »

Je sentis Riku couler un regard inquiet vers moi mais je ne réagis pas.

« T’es un peu dure, quand même !

-Ah non, mais je pourrais pas ! poursuivit-elle. Imagine qu’il se mette à embrasser un garçon devant moi !

-De toute façon, poursuivit son mari, on les a bien élevés ! Pas de risque qu’ils finissent pédé ! »

Je fixai mon assiette en essayant de ne pas les écouter, paralysé autant par l’étonnement que par la crainte. Je ne les pensais pas comme ça…

Ils continuèrent joyeusement leur discussion sur les « pédés ».

J’étais carrément dégoûté, presque malade. C’était ça, la mentalité au sein de ma propre famille ? Je finis par me lever ne pouvant en supporter plus.

« Néo ? me demanda Kadaj. Où tu vas ?

-Toilettes », répliquai-je avant de m’éclipser.

Une fois dedans, je claquai la porte et m’assis contre le mur, le temps de me calmer. Quelque chose m’échappait, là, tout de suite.

Il s’agissait de ma famille ! Et ils avaient toujours été des gens adorables. Jamais je ne les aurais pensés homophobes… Si je leur disais que je n’aime pas les filles, je n’osais même pas imaginer leur réaction. Je perdrais contact avec la plupart d’entre eux, sûrement. Ça me faisait mal de penser ainsi, ça me retournait les tripes, mais eh, c’était la vérité. Je ne pourrais pas leur mentir toute ma vie, si ? Non, je ne pense pas que je le supporterais…

Je sortis des toilettes au bout d’un moment pour tomber nez à nez avec Riku qui m’attendait, l’air inquiet.

« Ça va ?

-Bof… »

Il m’attira à lui pour me prendre dans ses bras. Je me laissai faire, épuisé.

« Écoute pas ce qu’ils disent, me souffla-t-il. Tu les emmerdes, d’accord ? C’est eux qui sont en tort. »

Ça je le savais, mais tout de même…

« Puis, continua-t-il, il y a un point positif à tout ça.

-Quoi ? »

Il s’écarta, me sourit doucement.

« Papa et maman n’ont pas participé à la conversation, ils semblaient plus gênés qu’autre chose. Limite si Papa ne les fusillait pas du regard !

-Et ?

-C’est bon signe. Ils sont plus tolérants qu’eux. »

J’hochai doucement la tête. C’était vrai, maintenant que j’y pensais. Ce constat me fit sourire légèrement. Je n’avais pas à me soucier de ça pour le moment.

Le plus important, c’était ce que j’allais dire à Vanitas. Les vacances se terminaient bientôt.
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[Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku] Empty
MessageSujet: Re: [Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku]   [Fanfiction] Cohabitation [Défi Néo-Riku] EmptySam 21 Juil - 10:35

/!\ Le rating M se justifie dans cette partie.

Je revins au campus le vendredi juste avant la reprise des cours. Lorsque j’arrivai, je trouvai la chambre vide. Les affaires de Vanitas traînaient dans son coin de la pièce, signe que lui était déjà revenu – ou bien, même pas parti ?

En soupirant, je commençai à ranger mes consoles. Cette fois-ci, je n’avais pas oublié ma PSP, mais je doutais sérieusement d'avoir envie d’y jouer dans les jours à venir…

Mes vacances, lorsque j’avais eu du temps libre, je les avais passées à regarder des séries déjà vues et revues rien que pour m’occuper l’esprit. Ce qui, avouons-le, marchait rarement.

Je ne tardai pas à recevoir un appel d’Hayner et grognai légèrement. On s’était quittés à peine 20 minutes auparavant ! Qu’est-ce qu’il me voulait ? Je décrochai.

« Allô ?

-C’est Hayner.

-Je sais, lui appris-je. Ton nom s’affiche quand tu m’appelles, t’es au courant?

-Aah, oui, c’est vrai, admit-il avec un petit rire nerveux. Écoute, j’ai un truc à te proposer pour ce soir. »

J’haussai un sourcil.

« Un truc ? répétai-je. Genre, sortir ?

-Genre oui, me répondit-il. Seifer m’a plus ou moins invité à une fête donnée par une amie à lui, pas loin d’ici, et ça me foutrait les jetons d’y aller seul alors…

-Attends, pause ! le coupai-je. Seifer ? On parle bien du même Seifer que tu ne peux pas encadrer ? Celui qui partage ta chambre pour ton plus grand malheur ?

-Euh… Disons que… qu’il n’est pas si abruti et prétentieux que ça ? Quoique, pour le dernier point, j’ai un doute, mais… »

D’accord, c’était le monde à l’envers. Je m’engueulais avec mon colocataire et il se réconciliait avec le sien. Monde de merde.

« Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? questionnai-je, toujours peu convaincu.

-Hum, je ne sais pas… marmonna-t-il, toujours mal à l’aise. En fait, un jour, j’ai craqué, je lui ai dit tout ce que je pensais de lui et il m’a fait quelques révélations sur son passé. Depuis, je le déteste plus tant que ça, même s’il reste un imbécile vantard et… ‘Fin, c’est con, hein ? Ahah… »

Trop bizarre, ce type. Décidément, même après des années passées à ses côtés, je ne parvenais pas à le cerner.

« Écoute, fis-je, j’ai pas envie là… Demande à Olette, tiens ! Je suis sûre qu’elle sera ravie d’y aller avec toi.

-Déjà demandé, elle y va avec des amies.

-Oh, alors monsieur se décide enfin à faire le premier pas ? plaisantai-je.

-Ah, ça va, tais-toi ! Tu viens ou non ?

-Non. Et Pence ?

-Il voudra jamais aller à un endroit dans ce genre-là, s’exclama-t-il.

-Moi non plus.

-Mais toi, t’es mon meilleur ami ! insista-t-il. S’il te plaît ! »

Quelque chose me disait de l’envoyer paître, mais d’un autre côté…

Je jetai un coup d’œil au lit vide en face de moi. Étais-je vraiment prêt à affronter Vanitas ?

J’avais longtemps cherché ce que je pourrais bien lui dire avant d’abandonner, car rien de convaincant ne me venait à l'esprit en songeant que je ferais ça au feeling. Seulement, maintenant que je me trouvais proche de la confrontation, je commençais à me dire qu’il ne s’agissait sans doute pas de la meilleure manière de m’y prendre…

« D’accord, soufflai-je à Hayner. Je t’accompagne. »

Je raccrochai après que l’on se soit fixé un point de rendez-vous. Une fête, hein ? À bien y repenser, je n’avais jamais mis les pieds dans un endroit du genre… En même temps, pas étonnant, vu que je sortais de chez moi tous les 36 du mois. Pas que je m’en plaigne, d’ailleurs. Je n’étais pas pressé de voir comment les étudiants normaux s’amusaient. J’imaginais assez bien la chose, en réalité : des gens bourrés et à moitié à poil dans tous les coins. Moi, pessimiste ? Jamais de la vie.

Je retrouvai donc Hayner et son colocataire une demi-heure plus tard devant le bahut.

Je considérai le type, qui, effectivement, avait l’air légèrement imbu de sa personne, à en juger par son expression snob lorsqu’il me vit arriver. Des cheveux blonds, des yeux bleu-gris et deux têtes de plus que moi. Génial.

Hayner nous présenta l’un à l’autre. À l’entente de mon prénom, il étouffa un rire.

« C’est pas latin, ça ? »

Si, connard.

Non, sans rire, il fallait vraiment que je change de nom. Néo, ça craignait. Qu’est-ce que je pourrais prendre ? Hum… Jean-Hubert, tiens. C’était cool, Jean-Hubert. On ne pouvait pas faire de blagues, avec ce genre de prénom.

« Ouais, ouais, grognai-je. On y va. »

Il hocha la tête et nous nous mîmes en route.

À peine arrivé au lieu où se déroulait la soirée, j’eus l’impression de tomber dans un putain de cliché de série américaine. La villa comportait un immense jardin avec piscine (pratique pour les noyades en cas de coma éthylique) et la musique résonnait à fond dans toute la demeure.

Bah, au moins c’était grand. Je pourrais me cacher dans un coin et jouer aux meubles. Personne ne ferait attention à un seul petit geek paumé dans les parages, si ?

Hayner me lâcha bien vite dès qu’il eut repéré Olette. C’était bien la peine que je vienne, tiens ! Je devrais peut-être rentrer ? Oh, non. Pas envie. Ça signifierait devoir parler à Vanitas. Je n’étais qu’un lâche, en fait…

De toute façon, à mon avis, Hayner ne tarderait pas à vouloir s’en aller. Je le connaissais, et lui non plus n’aimait pas ce genre de fête. Une fois qu’Olette aurait filé voir ailleurs, il me demanderait de rentrer.

Je me dirigeai donc vers la grande table dressée au centre du jardin en espérant qu’il y eût quelque chose à manger. Ah, non, que de l’alcool… C’était bien ma veine, ça. Une heure tout au plus à tuer, et même pas de truc à grignoter. Pfff… En plus, j’avais l’air un peu stupide comme ça, tout seul, les mains dans les poches.

Pour faire bonne figure (et surtout faire tapisserie), j’attrapai un verre au contenu non identifié, le reniflai, grimaçai à l’odeur forte qui s’en dégageait, pris une petite gorgée tout de même. Je n’avais aucune idée de ce que je venais d’avaler, mais ce n’était pas aussi mauvais que ce à quoi je m’attendais. Puis, au moins, ça m’occuperait.

Je restai donc dans mon coin, à siroter mon je-ne-sais-quoi pendant un petit quart d’heure. Comme prévu, les gens ne me remarquaient même pas. Moi, en revanche, j’observais les autres. Certaines personnes semblaient déjà bien éméchées, d’ailleurs. Pathétique.

Je soupirai en me rendant compte que je n’étais pas mieux, à fuir le garçon que j’aimais pour retarder le moment où je devrais m’expliquer. Le garçon que j’aimais… ça me faisait bizarre, de dire cela, mais ça ne sonnait pas faux.

Maintenant, je savais ce que je voulais, mais n’était-il pas trop tard ?

Bon, que fichait Hayner, au juste ? Il n’était pas si tard, mais je m’ennuyais déjà ferme et, quoique je fasse, je n’arrivais pas à faire taire cette angoisse sourde à l’idée que j’allais revoir Vanitas ce soir.

Finalement, plus tôt je lui parlerais, mieux ce serait. Sans aucun doute, je me prendrais un gros vent, voire une tornade force 6 dans la tronche, mais au moins, je serais fixé pour de bon et je pourrais – tenter de – passer à autre chose. Hm, plus facile à dire qu’à faire…

Je partai donc en quête de mon ami, histoire de l’informer au moins que je rentrais au bahut. De toute façon, que je sois là ou non, il s’en contrefichait, visiblement.

Après quelques minutes de recherches, je le trouvai enfin à l’intérieur de la maison, dans un coin… en train d’embrasser Olette. Super. Gé-nial. Je soupirai. Au moins, il avait eu le courage de lui déclarer sa flamme, visiblement. C’était déjà ça.

Décidant que je lui enverrais un message plus tard au cas où il s’inquiéterait, je retournai dans le jardin pour sortir par-derrière – pas envie de devoir slalomer entre les gens présents pour pouvoir passer.

Me rendant compte que je tenais toujours mon verre à la main, je le bus d’une traite avant de le poser sur une table non loin de là et… me figeai sur place.

Là-bas, tout près de la piscine, se trouvait mon cher colocataire en train de discuter avec un autre type. Enfin, discuter… Ils étaient assez proches l’un de l’autre, à vrai dire, et le mec – un grand roux à l’air ahuri – lui murmurait un truc à l’oreille.

Mon sang ne fit qu’un tour. Ni une, ni deux, je me dirigeai vers eux en ignorant le léger mal de tête qui pointait à l’horizon. Vanitas ne m’aperçut qu’au moment où je lui agrippais le poignet pour le forcer à se retourner. Son regard ambré afficha d’abord de la curiosité, puis une franche hostilité lorsqu’il me reconnut.

« Qu’est-ce que tu me veux ? lâcha-t-il.

-Faut qu’on parle, répondis-je sur le même ton.

-Tu vois pas que je suis occupé, là ? fit-il en tentant de se dégager.

-C’est important, le suppliai-je presque en resserrant ma prise sur son poignet.

-Eh, intervint l’autre perche rousse, il t’a dit qu’il voulait pas, ok ? »

Je me tournai vers lui et le fusillai du regard… avant qu’une pensée ne frôle mon esprit. Et si ce mec, là, c’était son nouveau petit ami ? Et si Vanitas refusait de m'adresser la parole, non pas parce qu’il avait été blessé par la révélation, mais juste parce que son orgueil en avait pris un coup ? Et s’il ne ressentait rien pour moi, en fait ?

« C’est bon, Axel, soupira Vanitas en se tournant vers le rouquin. J’m’en occupe. »

Puis, il me regarda droit dans les yeux, toujours avec cet air agressif qui me faisait mal.

« Je te suis. »

Je l’entraînai dans un coin à l’abri des regards, derrière la maison, avant d’enfin le lâcher. Il attendait visiblement que je parle, mais je ne savais pas trop par où commencer.

« C’était qui, ce mec ? demandai-je au final en détournant le regard.

-Qu’est-ce que ça peut te faire ? »

Oh, beaucoup de choses.

« Tu sors avec lui ?

-Si c’était le cas, tu ferais quoi ? »

Bonne question… Que pourrais-je y faire, de toute façon ?

« Juste… réponds à ma question, dis-je.

-Nan, je sors pas avec lui. Content ? »

Pour toute réponse, je soupirai de soulagement. Il s’en rendit compte puisqu’il haussa les sourcils.

« Et alors ? En quoi ça te concerne ? »

Je voulus rétorquer quelque chose, mais les mots restèrent bloqués dans ma gorge.

« Je… parvins-je enfin à articuler. Je suis désolé. »

… Juste le truc que je m’étais promis de ne pas dire d’entrée de jeu. Putain.

Il eut un rire sans joie.

« J’y crois pas… D’accord, admettons, t’es désolé, et après ? Si c’est tout ce que t’as à me dire, j’me casse. »

Il fit mine de partir.

« Non, attends !

-Quoi encore ? soupira-t-il.

-Et si tu me laissais m’expliquer, au lieu de te barrer comme ça ? »

Il hésitait, ça se voyait dans ses yeux.

« Pourquoi je le ferais ?

-Parce qu’après, je jure de te laisser tranquille. Si tu ne veux plus m’adresser la parole, je n’insisterai pas. »

Il se passa une main dans les cheveux, s’adossa contre le mur et croisa les bras.

« Je t’écoute », déclara-t-il.

Voilà, c’était le moment de tout reprendre depuis le début.

« Déjà, je vais pas te mentir, annonçai-je de but en blanc. Tout ce que t’as dit Hayner est vrai. Je sais que j’aurais dû te le dire bien avant, mais j’avais peur que tu le prennes mal. Bon, sur ce coup-ci, ça a pas loupé… Seulement, y’a eu autre chose entre-temps. J’ai commencé à… à apprécier et je me demandais si je n’étais pas… gay. »

Je m’interrompis, surpris du peu de temps que ça m’avait pris pour tout résumer. Dit comme ça, ça paraissait si simple… Stupide, aussi, un peu.

Je le fixai, attendant sa réaction. À ma grande surprise, il ne se départit pas de son regard froid. Lorsqu’il prit la parole, je tressaillis.

« Donc, pour toi, je n’étais qu’un coup d’essai.

-Quoi ? Non ! Ce n’est pas ce que je veux dire !

-Laisse tomber Néo, j’ai compris.

-Mais écoute bordel ! »

Je m’avançai vers lui avant qu’il n’ait pu esquisser un mouvement pour s’en aller, mais je me stoppai en plein milieu et, oh… Le monde se mit à tourner d’un coup.

Il me rattrapa avant que je ne tombe.

« Ça va ? » me demanda-t-il, et je jurerais avoir entendu une pointe d’inquiétude dans sa voix.

Je tentai de reprendre mes esprits, ignorant la douleur sourde qui martelait mes tempes.

« Ouais, ce… J’ai bu un verre de… de j’sais pas trop quoi, en fait. Ça doit être ça.

-Hm. »

Il continua de me maintenir un moment. Je levai les yeux vers lui et fus soudain étonné du peu de distance qui séparait nos deux visages. Un peu plus et je pourrais l’embr-

Mes gestes avaient précédé ma pensée. Avant même que je ne m’en rende compte, j’avais posé mes lèvres sur les siennes. Je devais vérifier si, effectivement, je trouvais cela agréable.

Comme il ne protestait pas, j’en profitai pour me coller un peu plus contre lui. Le baiser dura, mais aucun de nous ne l’approfondit vraiment. Il finit par me repousser en me tenant les épaules et, bordel, comment avais-je pu ne pas me rendre compte avant d’à quel point ses yeux étaient beaux ?

« T’es bourré, qu’il me dit très sérieusement.

-Du tout, lui répondis-je sur le même ton. J’ai les idées claires, je t’assure. »

Il ne parut pas convaincu. Pourtant, je ne mentais pas. Comme d’habitude. Personne ne me croyait jamais, de toute façon…

« Bon, d’accord, j’ai peut-être l’esprit un peu embrumé, admis-je. De là à dire que je suis saoul… Je n’ai bu qu’un verre.

-Des fois, ça suffit, tu sais…

-Non j’sais pas, rétorquai-je. J’suis un geek, je sors pas de chez moi. »

Il eut un micro-sourire. Puis…

« Pourquoi t’as fait ça, alors ?

-De quoi, t’embrasser ?

-Huhum.

-Parce que je… »

Je… je quoi ? Je l’aimais ? Oh, ça, ça ne sortirait jamais ! Alors quoi ? Parce que j’en avais envie ?

« Parce que j’veux qu’on se remette ensemble. »

C’était quelque chose entre les deux et, tout compte fait, ça résumait bien le fond de ma pensée.

« Néo… Si c’est juste pour essayer, je ne marche pas. Désolé, mais ce sera sans moi. »

Je le fixai, abasourdi. Mais… mais non !

« Si tu m’avais demandé ça au début, peut-être, mais là… Non. J’peux pas. »

Il avait sorti tout ça sans me regarder.

Voilà, trop tard, je le savais. Mon cœur coula à pic dans mon estomac.

« Mais… pourquoi ? »

Il eut un petit rire, me lâcha, se recula.

« Ça va te paraître con… souffla-t-il en un murmure à peine audible.

-Dis toujours.

-Je… Je crois que… putain, Néo, j’suis tombé amoureux d’toi. »

À présent, il fixait le sol. Il avait sorti ça d’une traite, si bien que je me demandai si je n’avais pas mal entendu. J’ignorai les battements désordonnés de mon cœur pour tenter de savoir s’il était sérieux ou non.

« Pardon ?

-J’t’avais dit que c’était con, sortit-il. T’sais quoi, oublie ce que je viens de te dire, d’accord ? On reste potes si tu veux, ça me dérange p-

-Non. »

Ce fut à lui de me dévisager avec surprise, puis une ombre de peine traversa fugitivement ses iris dorés.

À nouveau, il tenta de partir, mais je l’en empêchai avant qu’il n’eût fait un pas, l’attrapant et l’attirant à moi. Je passais mes bras autour de sa taille et nichai ma tête contre son cou. Je ne pouvais pas le regarder en face. C’était juste trop…

« J’veux pas qu’on reste amis, expliquai-je. J’veux qu’on soit plus, et c’est pas juste un essai ou quoi que ce soit, c’est… J’suis sérieux, Vani. »

Je fermai les yeux et priai intérieurement pour qu’il me crût. Ce coup-ci, si ça ne marchait pas, j’étais foutu. Et qu’est-ce que je ferais, alors, hein ?

J’eus un sursaut lorsqu’il me rendit mon étreinte.

« C’est bon, déclara-t-il. Juste, ne m’fais plus jamais mal comme ça… C’est horrible, tu peux pas savoir.

-Oh, si, souris-je. Je sais. »

Je m’écartai légèrement pour le dévisager. Après, je compris à peine la situation. J’eus tout juste le temps d’apercevoir un éclat ambré que je sentis ses mains se plaquer sur mes épaules et mon dos heurter le mur de briques. Puis, ses lèvres contre les miennes en un contact tout sauf tendre.

Une de ses paumes vint se poser sur ma taille tandis que je passais mes bras derrière son cou, ouvrant légèrement la bouche pour laisser échapper un soupir. Il en profita pour glisser sa langue entre mes lèvres.

Mon cœur menaçait d’exploser, et je sus que j’avais pris la bonne décision. J’étais gay, j’étais amoureux d’un mec, et alors ? Le plus important, c’était que ce fût réciproque. Une idée fleurit dans mon esprit.

Je retins un gémissement lorsque son bassin vint frôler le mien, sans doute par inadvertance.

« Attends… » fis-je contre ses lèvres, à bout de souffle.

Je lui murmurai à l’oreille ce que je voulais faire. Il s’écarta légèrement de moi, étonné.

« T’es sûr ? »

Je hochai la tête en le regardant dans les yeux, mortellement sérieux. J’avais déjà assez douté comme ça ! Il se mordit la lèvre inférieure, réfléchissant.

« Pas ici… » finit-il par dire.

J’acquiesçai alors qu’il me lâchait, laissant une impression de froid dans tout mon être. Il me prit par la main pour m’entraîner dans la direction du campus. En quittant la fête, je songeai un moment à envoyer un message à Hayner pour lui dire que je partais… Et puis, non, en fait. Pas le temps.

À peine la porte de la chambre ouverte, il me plaqua contre le mur, sans même prendre la peine d’allumer. Je faillis presque lâcher un soupir rien qu’en apercevant son sourire, éclairé par un rayon de lune qui passait par là. C’était dingue, l’effet qu’il me faisait…

Ses lèvres s’égarèrent contre mon cou alors que je glissai une main le long de son dos, suivant le tracé de son échine. Je ne pus contenir un sourire en le sentant frissonner contre moi. Au moins je n'étais pas le seul dans cet état.

Il releva la tête et son souffle chatouilla mon oreille alors qu’il me murmurait des choses que je n’oserais répéter. La respiration accélérée, presque erratique, je cherchai ses lèvres à nouveau. Il glissa ses doigts sous le tissu de mon T-shirt, n’hésitant pas contrairement à la première fois avant de le caresser sans retenue, traçant des sillons brûlants sur ma peau.

Le vêtement gênant ne tarda pas à échouer sur le sol alors que Vanitas m’attirait jusqu'à son lit, me poussant presque sur le matelas. Il prit place au-dessus de moi, sa bouche venant effleurer la mienne. Tandis que je prenais vraiment conscience de la situation, un doute s’insinua dans mon esprit.

« Tu l’as déjà fait ? » questionnai-je à voix basse.

Un temps d’arrêt.

« Ouais, une fois. J’préfère pas en parler. »

Je n'insistai pas et considérai que le sujet était clos. Je préférai glisser une main dans son dos en agrippant son haut.

« Enlève-le…

-Eh bien, quel empressement… » minauda-t-il.

Il se redressa avec un sourire et s’exécuta. Presque aussitôt, une décharge électrique parcourut mes reins. Il dut sentir ma réaction, puisque son sourire s’agrandit alors qu’il revenait à l’assaut de ma clavicule, mordillant la peau laissée à nu. Je remuai le bassin sans même m’en apercevoir, ne réfléchissant plus, tout mon être focalisé sur les sensations et sur lui. Je crois d’ailleurs que son nom s’échappa de mes lèvres à un moment donné. Comment en être sûr ? Quelle importance, au fond ?

Bien vite, on se retrouva débarrassés de tout habit. À son regard fiévreux, je devinai que lui non plus n’en menait pas large. Je plaquai ma main contre sa nuque et l’attirai pour l’embrasser. De son côté, il effleura mes hanches, mon bassin, jusqu’à arriver à la chute de rein.

Là, il me força à le regarder dans les yeux.

« Je peux y aller ? »

J’hochai la tête, comprenant ce à quoi il faisait allusion. Étrangement, ça ne me faisait pas peur.

« Si tu veux, on peut s’arrêter là…

-Vas-y, je te dis ! » parvins-je à articuler.

Il obéit.

« Hm…

-Je te fais mal ? » demanda-t-il, tendu.

La question m’étonna, venant de lui, bien que je sache déjà qu’il pouvait se montrer doux quand il le voulait. Bien sûr, qu’il me faisait mal, mais si je lui disais, il risquait d’arrêter.

« Non…

-Menteur.

-Presque pas… ah ! »

Au bout d’un long moment, la douleur se dissipa légèrement, laissant une empreinte plus que supportable. Il retira ses doigts et pressa son bassin contre le mien.

« Je peux ?

-Arrête de demander la permission… » soufflai-je.

Lorsqu’il entra, la douleur revint aussitôt, mais je ne me plaignis pas, me contentant d’enfouir ma tête dans son cou et d’attendre que ça passe. Il prit son temps – un peu trop – avant de commencer à bouger, doucement. À un moment donné, il finit par toucher un point en moi qui propagea une décharge dans tout mon être. Je sursautai et plaquai une main contre ma bouche pour étouffer un petit cri. Vanitas s’interrompit.

« Ça va ?

-R… Recommence ça… »

Il ne se fit pas prier, réitérant son mouvement de bassin.

« Mmh… »

Ses mouvements se firent plus rapides, moins précautionneux, à mesure que mes cris augmentaient. Je ne tentai même pas de les retenir. Je perdais l’esprit au contact de sa peau glissant contre la mienne, et au fond, c’était bien comme ça. J’avais l’impression d’avoir enfin trouvé ma place dans ses bras et si ça devait me tuer, eh bien tant pis, j’étais prêt à l’aimer jusqu’à m’en faire imploser le cœur. Peu importe ce qu’en diraient les autres. Je divaguai complètement…

Le lendemain, j’ouvris les yeux pour me retrouver nez à nez avec un visage encore endormi. Un sourire naquit sur mes lèvres. J’arrivais enfin à mettre un mot sur cette sensation étrange que je ressentais en sa présence. J’étais heureux, tout simplement. Est-ce que ça durerait toujours ? On verrait bien. Pour l’instant, c’était là, et pas près de s’en aller.

Je m’assis sur le lit et… ressentis de suite une douleur lancinante au bassin. J’étouffai une exclamation.

« Tu vois, que je t’ai fait mal… » marmonna une voix à mes côtés.

Je me tournai vers Vanitas, qui me dévisageait d’un air ensommeillé, mais soucieux.

« Vani… soupirai-je. Je suis pas un expert, mais il me semble que c’est normal d’avoir un peu mal au matin… »

En fait, j’avais lu les mangas yaoï de Naminé. Juste une fois, par curiosité, hein !

Mon petit ami se redressa à son tour, passant son index le long de mon dos.

« C’est supportable, au moins ?

-Mais oui ! » fis-je en levant les yeux au ciel.

Pour qui me prenait-il, au juste ? Un pantin facile à briser ? Franchement…

« Je ne te pensais pas si soucieux », le taquinai-je.

Sa mine s’assombrit légèrement. Je compris vaguement que j’avais fait une boulette.

« Pardon, se renfrogna-t-il. C’est juste que je sais à quel point ça peut être… douloureux.

-Comment ça ? »

Il détourna le regard, visiblement pas enclin à me raconter.

« S’il te plaît ? » insistai-je en me collant contre son dos, passant mes bras autour de sa taille.

Il se mordit la lèvre avant de finalement inspirer profondément.

« J’avais déjà couché avec un mec, avant, avoua-t-il en desserrant à peine la mâchoire. Ça ne s’est pas très bien passé… En fait, ça a été catastrophique. Dès le départ, j’étais seulement à moitié consentant, mais j’avais peur de le vexer si jamais je refusais. Le lendemain, la douleur était quasiment insupportable, et ça a duré pendant une bonne semaine. Quand le mec a compris que je me laisserais plus toucher avant un bon moment il a rompu et… Voilà. »

Je ne supportai pas la grimace qu’il affichait à l’évocation de ce souvenir et déposait un bref baiser dans son cou pour le réconforter. Peu importe quel était l’enfoiré, le connard sans cœur qui avait pu lui faire ça, je le détestais.

« ‘Fin voilà, quoi, conclut-il d’un ton plus léger. Tout ça pour dire que c’est normal que je m’inquiète. Je sais même pas pourquoi j’te parle de ça…

-Parce que tu as confiance en moi ? » risquai-je.

Il eut un petit rire et se tourna vers moi pour m’embrasser.

« Possible, oui. »

Il m’allongea sur le matelas, son visage près du mien, un sourire inquiétant sur les lèvres.

« On remet ça ? »

Je grimaçai.

« Si ça ne te dérange pas, j’aimerais quand même pouvoir me lever, aujourd’hui… répliquai-je.

-Ah oui, c’est vrai. »

Je souris.

Six mois plus tôt à peine, l’hypothèse que je pus aimer un homme ne m’aurait même pas traversé l’esprit. Comme quoi, parfois, la vie nous réservait bien des surprises…

« Ça fait combien de temps que tu le sais ? demandai-je sans préavis.

-De ?

-Que t’es gay. »

Il réfléchit quelques secondes.

« Je crois que je m’en doutais depuis mes douze ans, à peu près, quand je me suis aperçu de la manière dont je matais certains personnages de jeux vidéos, ricana-t-il. Enfin… il m’a quand même fallu deux ans de plus pour encaisser l’idée.

-C’est long », commentai-je.

Il haussa les épaules.

« J’avais aucun moyen concret d’être sûr. Puis, certaines personnes ne se l’avouent jamais et vivent dans le déni pendant toute leur vie. Alors, au fond, deux ans… T’as eu de la chance, toi, de t’en rendre compte quasiment tout de suite. »

Je fronçai les sourcils. De la chance, hein… Effectivement. Sinon, je serais passé à côté de beaucoup de choses…

« Je t’ai eu toi, surtout.

-Tsss, c’que t’es mièvre parfois, Néo ! » plaisanta-t-il.

J’allais répliquer lorsque je me souvins d’un léger détail…

Je me levai en ignorant la douleur pour ramasser mon jean, et j'en sortis mon portable.

Comme je le pensais, j’avais reçu plusieurs appels manqués et messages d’Hayner. Qu’est-ce qu’ils avaient, tous, à s’inquiéter à ce point pour moi ? Enfin, ça m’amusait, en un sens. Oh, et puis, j’avais bien envie de faire une connerie ! Je tapai le message vite fait avant que je ne change d’avis et l’envoyai directement.

« Eh, Hayner, tu sais quoi ? J’suis gay ! »

Les mois qui suivirent s’écoulèrent avec leur lot de soucis et de galère, mais rien de très grave.
Vanitas finit par avoir ses examens, contrairement à ce que je pensais. Il s’était mis à bosser comme un dingue deux semaines à peine avant le jour fatidique et avait réussi, je ne sais trop comment, à rattraper tout le retard accumulé en séchant les cours pendant si longtemps.

J’avais plus ou moins dû faire mon coming-out par téléphone à mes parents, mais au fond, ça s’était bien passé. Tant que j’étais heureux, ça leur allait. Mine de rien, ça m’enlevait un sacré poids de l’esprit. On se sent beaucoup mieux une fois l’instant passé.

J’aurais pu le leur dire en face, mais j’avais une bonne raison de le faire avant de rentrer pour les vacances de Pâques.

« Sois pas vulgaire, rappelai-je à Vanitas pour la énième fois alors que l’on se trouvait juste devant chez moi. Et pas trop flippant.

-Je suis jamais flippant !

-À d’autres, grimaçai-je.

-Détends-toi un peu, Néo, me conseilla-t-il en me caressant le dos de la main avec le pouce.

-J’aimerais bien t’y voir, toi !

-Moi, je m’en foutrais royalement » rit-il.

Je soupirai.

Lui ne comptait pas revenir chez ses parents pour les vacances. Visiblement, il ne s’entendait pas très bien avec eux – ce qui ne m’étonnait pas de sa part. De plus, je supportais assez mal l’idée de l’avoir loin de moi pendant plusieurs jours. J’avais donc demandé à mes parents s’il pouvait venir, ils avaient accepté avec joie.

Seulement, j’appréhendais un peu la rencontre entre mon petit ami et mes géniteurs… En ce qui concernait mes frères, Hope était toujours au pensionnat, et Riku… Oh, je savais déjà que ces deux-là ne s’entendraient pas, ou bien seulement au strict minimum. Je les connaissais bien.

Prenant mon courage à deux mains, je frappai à la porte. Ma mère vint nous ouvrir, me serra brièvement dans ses bras et salua Vanitas, qui lui rendit la politesse. Bien, pour l’instant, ça passait…
Mes craintes s’avérèrent injustifiées également pour le reste de la famille. Bon, par contre, comme prévu, mon frère et mon petit ami ne s’échangeaient que des politesses, et le moins de mots possible. Je le savais bien, qu’ils n’avaient aucune affinité ! Ah, parfois, je suis fort. J’aurais dû suivre un cursus en psychologie, en fait ! Rassuré, je commençai enfin à me détendre.

« Eh bien, je ne l’imaginais pas comme ça, ton mec », déclara Riku en entrant dans ma chambre le lendemain.

Vanitas était descendu en bas prendre sa douche.

« Tu l’imaginais comment, genre ?

-Je sais pas… Un deuxième toi, mais en version gay ?

-Je suis gay, je te rappelle, soupirai-je, atterré par sa connerie.

-Je sais, fit-il avant d’éclater de rire. Je plaisante. »

Je marmonnai une réponse inaudible.

« En tout cas, reprit-il au bout d’un moment. Je crois que vous vous êtes bien trouvés, tous les deux. »

J’eus un sourire. Pour une fois, tout allait pour le mieux. Oh, ça ne pouvait pas durer, d’autres merdes se profileraient à l’horizon – et je pense qu’on finirait par s’ennuyer si la vie n’était qu’un long fleuve tranquille –, mais je me sentais prêt à les affronter.

« Enfin, voilà, je voulais juste te dire ça.

-C’est cool, tu peux te barrer maintenant, lui répondis-je en lui balançant un oreiller qu’il évita aisément.

-Néo ! Un peu de nerf, que diable !

-Qui parle de diable dès le matin ? » s’amusa une voix que je ne connaissais que trop bien.

Vanitas entra dans la pièce derrière mon frère, l’air le plus naturel du monde… et j’allais le tuer. Qu’il le fasse à la fac, c’était une chose, mais non, pas ici !

Riku fut pris d’un fou rire qu’il tenta vainement de contrôler alors qu’il sortait, claquant la porte derrière lui.

« Qu’est-ce qui lui prend, à l’autre ? demanda Vanitas, sincèrement étonné.

-Vani… soupirai-je, excédé, en me levant de ma chaise pour me diriger vers lui. Rappelle-moi un truc, tu veux ? Quand est-ce que je t’ai autorisé à te balader à moitié à poil chez moi ?

-Je suis pas à poil, je suis en serviette…

-C’est pareil… imagine qu’elle tombe. »

Il haussa les épaules, pas plus soucieux que ça.

« J’avais oublié mes affaires…

-Comme d’habitude, oui.

-Si tu étais venu avec moi comme j’te l’avais proposé, ça ne serait pas arrivé… » susurra-t-il en se rapprochant, m’attirant à lui par la taille.

Bien sûr… et qu’auraient pensé mes parents en nous voyant sortir tous les deux de la salle de bain ?

Je soupirai en posant tout de même ma tête contre son épaule.

« Parfois, t’es vraiment…

-Diabolique ?

-… Con, le corrigeai-je.

-Mon dieu, je vais pleurer… » ironisa-t-il.

Ses lèvres s’égarèrent dans mon cou et sa main commença à descendre plus bas que mon dos…
Je le repoussai doucement.

« Pas ici, Vani…

-Pourquoi pas ?

-Ils vont nous entendre.

-Je t’ai déjà dit de pas m’appeler comme ça.

-T’as dit que je pouvais quand on était tous les deux, rétorquai-je.

-S’ils n’entendent pas quand tu m’appelles Vani, ils ne t’entendront pas gémir non plus.

-J’ai dit non.

-T’en as pas envie ?

-Si, mais non. Je sais me contrôler, moi. »

Il se résigna, soupirant.

« On fait quoi, alors ?

-Je sais pas… Une partie de Call of Duty ? »

Un sourire naquit sur ses lèvres.

« Ça marche. Fais chauffer la console. »
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